Le Nord de la Californie, à l’époque tourmentée de la fin des années 1960. Evie Boyd a quatorze ans, elle vit seule avec sa mère, que son père vient de quitter. Fille unique et mal dans sa peau, elle n’a que Connie, son amie d’enfance. Mais les deux amies se disputent dès le début de l’été qui précède le départ en pension d’Evie. Un après-midi, elle aperçoit dans le parc où elle est venue traîner, un groupe de filles dont la liberté, les tenues débraillées et l’atmosphère d’abandon qui les entoure la fascinent. Très vite, Evie tombe sous la coupe de Suzanne, l’aînée de cette bande, et se laisse entraîner dans le cercle d’une secte et de son leader charismatique, Russell. Caché dans les collines, leur ranch est aussi étrange que délabré, mais aux yeux d’Evie, il est exotique, excitant, électrique, et elle veut à tout prix s’y faire accepter. Tandis qu’elle passe de moins en moins de temps chez sa mère, et tandis que son obsession pour Suzanne va grandissant, Evie ne s’aperçoit pas qu’elle s’approche à grands pas d’une violence impensable, et de ce moment dans la vie d’une adolescente où tout peut basculer.
Dense et rythmé, le remarquable premier roman d’Emma Cline est saisissant de perspicacité psychologique. Raconté par une Evie adulte mais toujours cabossée, comme jamais remise de son expérience sectaire ni de son enfance ballotée, il est un portrait indélébile des filles comme des femmes qu’elles deviennent. Il est aussi le tableau très documenté d’un monde parallèle et inquiétant. Celui d’une secte qui n’est pas sans rappeler la tristement célèbre Famille de Charles Manson, dont la légende noire flotte au-dessus de Hollywood depuis près d’un demi-siècle.