Durant ces dernières années de combat contre le cancer, Franz Olivier Giesbert a dialogué avec Bernard Tapie, et ils ont parlé de tout. Sans fard. Et c'est ce portrait de celui dont la France a suivi les aventures pendant près de cinquante ans qu'il va faire vivre. Il ne prend jamais d'antidouleurs et je sais qu'il souffre le martyre. Sa femme partie se faire opérer, une opération lourde. Tout seul avec son chien et ses cancers, il m'appelle de plus en plus souvent pour me dire les mêmes choses, d'une voix faible, oppressée. " Les affaires, la politique, le football, le vélo, la télé, le cinéma, la prison, dit-il, je sais toujours de quoi je parle, contrairement à d'autres. C'est pourquoi les gens m'écoutent, moi. " Il a le " vécu ", comme on dit. L'hôpital aussi, Tapie connaît et il secoue volontiers les cancéreux : " Ne restez pas au plumard toute la journée en vous gavant d'antidouleurs. Bougez-vous et vous vous donnez une chance que ça aille mieux ! " – " Personne ne peut rien dire, j'ai le droit de leur parler comme ça, commente-t-il, j'ai la même maladie qu'eux. " Pendant ses trois ans et demi de combat contre le cancer que j'ai quasiment vécus au jour le jour, les hospitalisations duraient toujours moins longtemps que prévu : au premier signe d'amélioration, il repartait, signait une décharge et retournait chez lui continuer la lutte. Tapie ou l'homme qui avait décidé de ne pas mourir."