L'envie d'être au plus près de l'esthétique sonore des compositeurs au moment de la création de leurs oeuvres, mais aussi le simple plaisir du son des instruments d'alors, guident Jos van Immerseel dans sa démarche. Pour cet enregistrement qui offre un panorama de la musique française du début du 20ème siècle pour clarinette et piano, Jos Van Immerseel a choisi un piano Bechstein de 1870, et Lisa Schklyaver, une clarinette Dolnet Lefevre & Pigis de 1930. Cet enregistrement est doublement précieux, car proposant à la fois le regard de l'un des meilleurs interprètes de la musique française sur une diversité d'oeuvres remarquables mais également, en quelque sorte, la sonorité et la poésie d'une époque.
L'Edition HAYDN2032 célèbre la parution du 10ème volume de l'intégrale des 107 Symphonies de Haydn... Intitulé Les Heures du jour, ce programme est consacré aux Symphonies Nos.6, 7 et 8, dites Le Matin, Le Midi, Le Soir. Cette dernière se termine sur une tempesta, avec orage et coups de tonnerre... Le prince Esterházy, commanditaire de l'oeuvre, voulait, dit-on, démontrer à ses hôtes que son orchestre était d'une grande qualité et que " son " Haydn était d'une grande inventivité... L'orchestre de Giovanni Antonini, Il Giardino Armonico, relève une fois de plus le défi ! Ce triptyque autour de la course du soleil se poursuit avec l'oeuvre d'un autre compositeur, Mozart et sa Sérénade en ré majeur surnommée Serenata notturna, probablement écrite pour un bal masqué... Jérôme Sessini, de l'agence Magnum, remarqué et primé pour ses travaux sur la guerre des cartels au Mexique ou sur la crise des opioïdes aux États-Unis, a signé les photos de ce volume.
Anton Bruckner appelait sa Symphonie n°ع 8 en ut mineur un "mystère", d'autres y ont vu une œuvre "apocalyptique". Pour Paavo Järvi, il s'agit de la "symphonie la plus inhabituelle" du compositeur et du "sommet" de son œuvre symphonique. Dans l'histoire de la Tonhalle-Orchester Zürich, la Huitième Symphonie de Bruckner occupe une place à part, puisqu'il s'agit de la première que l'orchestre interprète en 1905, douze ans après la création à Vienne de ce qui était alors la plus longue symphonie de l'histoire de la musique, la seule de Bruckner à faire appel à des harpes : "Une harpe n'a rien à faire dans une symphonie, mais je n'ai pas pu faire autrement !" aurait dit le compositeur.
Nino Rota n'est pas que le musicien de Fellini (La strada etc), de René Clément ou de King Vidor. C'est un grand compositeur du XXe siècle. Enfant prodige, il a étudié en Amérique avec Fritz Reiner, croisé Toscanini et Igor Stravinsky... Eric Le Sage, Emmanuel Pahud, Paul Meyer, Daishin Kashimoto, Aurélien Pascal et leurs partenaires du festival de Salon de Provence rendent hommage à sa musique, avec sa Petite offrande musicale, composée en 1943 à l'âge de 22 ans, un Nonette et un Trio pour flûte, violon et piano qu'il écrit à la fin des années 50. Le Trio pour clarinette, violoncelle et piano (1973) appartient à la dernière période créative de Rota et il a toutes les caractéristiques des oeuvres de la maturité.
C'est avec le titre Enigma Fortuna que l'ensemble La Fonte Musica, dirigé par Michele Pasotti, entend mettre en lumière la personnalité mystérieuse et excentrique du compositeur abruzzais Antonio Zacara da Teramo (1355-1416). Contemporain de Boccace, de Donatello et de Brunelleschi, ce compositeur pourrait presque être assimilé à une sorte de Jérôme Bosch musical tant les textes qu'il met en musique convoquent un " univers à l'envers " où l'obscène, l'imaginaire et le grotesque gambadent main dans la main. " Me comprenne qui pourra, car je me comprends " écrit-il dans sa ballata Amor ne tossa, annonçant la fierté des artistes romantiques avec 400 ans d'avance. Avec cet enregistrement de 4 CDs présentant en première mondiale l'oeuvre de Zacara, c'est une première tentative de compréhension que l'ensemble Fonte Musica nous propose. Et avec celle-ci, à travers le caractère intemporel de l'art, la compréhension d'une époque dite " renaissante " qui paraît autant " à l'envers " que la nôtre.
"Marc Mauillon explore avec passion ces différentes formes de vocalité, où la recherche de simplicité dans l'expression des sentiments n'exclut ni la virtuosité, ni le raffinement. On retrouve avec plaisir la belle diction et le timbre atypique, étonnamment clair et séduisant, de ce baryton. Il sied à ces chansons d'amour qui préfigurent l'opéra naissant, et peut-être aussi, en anticipant un peu, le Lied et la mélodie." (Sophie Bourdais, Télérama n°3451).
Florence 1600 : Giulio Caccini et Jacopo Peri, deux chanteurs virtuoses et compositeurs rivaux. Recherchant la puissance expressive de la tragédie antique grecque, ils vont révolutionner l'art du chant en créant un nouveau style, qui donnera naissance à l'opéra. En réaction à la polyphonie de la Renaissance, ces pièces monodiques sont pensées pour être chantées avec pour seul accompagnement un instrument à cordes pincées, afin d'exprimer au mieux les passions humaines. Si Peri et Caccini s'accompagnaient souvent eux-mêmes, ils se produisaient également entourés de certains membres de leur famille. Ainsi la dimension familiale de ce duo s'inscrit tout naturellement dans la lignée de ces grands musiciens... Traduction en français dans le livret
Après un premier récital chez ALPHA avec Susan Manoff, Chimères (Alpha 397), qui a remporté tous les suffrages (Diapason d'Or de l'année, Choc de l'année, Gramophone Editor's Choice), Sandrine Piau signe un récital avec orchestre qui célèbre la mélodie française à l'époque où elle passe du salon privé à la salle de concert. Conçu en partenariat avec le Palazzetto Bru Zane, ce programme évoque l'attente, le désir, le plaisir, le souvenir, bref les méandres de l'amour de l'héroïne romantique... sur des textes des poètes Hugo, Lamartine, Gautier, Verlaine, Sandrine Piau a choisi des mélodies de Saint-Saëns (L'attente, Papillons), Massenet (Extase, Aimons-nous...), Vierne, ainsi que des rares Dubois, Guilmant, Bordes... Julien Chauvin et son ensemble sur instruments anciens combinent ces mélodies avec des pièces d'orchestre (Pavane de La belle au bois dormant de Ma Mère L'Oye de Ravel ou la Danse profane pour harpe et orchestre de Debussy). Le disque présente aussi des extraits des Nuits d'Eté de Berlioz et se conclut sur le célèbre Plaisir d'Amour de Martini.
Hervé Niquet se caractérise par deux traits immuables : c'est un infatigable défricheur de musiques oubliées, il aime la polyphonie et "les grandes formes". Il y a quelques années, il avait fait sensation en exhumant la musique monumentale de Striggio... Pour les 30 ans de son ensemble, Le Concert Spirituel, il s'attaque à un nouveau sommet de la polyphonie : une Messe d'Orazio Benevolo (1605-1672) interprétée par 8 choeurs à 4 voix, accompagnés de quinze continuistes. En concert, les choeurs sont répartis dans la nef, le public étant au milieu. De père (pâtissier) bourguignon émigré à Rome, membre de la Maîtrise de Saint-Louis des Français, Benevolo fut l'un des plus grands génies de la polychoralité, un compositeur prolixe, représentant le faste de l'art français à Rome. Il finit sa carrière comme maître de chapelle au Vatican. Cette musique est ressuscitée grâce au travail du grand musicologue Jean Lionnet qui copia à la main, des années durant, l'oeuvre de nombreux compositeurs italiens du Fonds musical du Vatican, duquel on ne pouvait faire sortir aucun document. Ainsi la Missa Si Deus pro nobis nous est restituée ici, accompagnée par des pièces vocales et instrumentales de Monteverdi, Frescobaldi et Palestrina.
Après le succès de For ever Fortune, Musique ancienne d'Écosse, François Lazarevitch poursuit son exploration des répertoires dits « celtiques » avec un nouveau programme consacré à la musique irlandaise ancienne. Ce répertoire d'airs anciens des 17ème et 18ème siècles est constitué de danses, de chants en gaélique et de pièces instrumentales variées : ils racontent des histoires de guerres, d'amour, de boisson et de tabac, d'enfants, de bardes… Grand spécialiste des flûtes et cornemuses, François Lazarevitch nous ouvre de nouveaux horizons de couleurs et de sons. Il s'entoure pour cela de grands interprètes des musiques anciennes (dont le fabuleux violoniste baroque et fiddler David Greenberg) et invite le ténor américain Robert Getchell, très crédible en chanteur renouant avec ses racines.
À l'occasion des 450 ans de la naissance de Monteverdi, Cappella Mediterranea et Leonardo García Alarcón souhaitent lui rendre hommage avec ce programme empruntant au thème universel des péchés et vertus qui traverse son univers lyrique, ses madrigaux et la Selva morale : Monteverdi donne, avec L'Incoronazione di Poppea - l'opéra peut-être le plus amoral de l'histoire de la musique - une représentation du vice et des émotions qui y sont liées mais offre également son pendant vertueux, son remède moral, avec les madrigaux de la Selva morale. C'est dans cette perspective que ce projet a été imaginé.
Symbiose entre l'art du poète et celui du compositeur, la mélodie française est devenue le fleuron des salons de la Belle Époque. Regroupant quatuor à cordes et piano autour du chanteur, la "Chanson perpétuelle" de Chausson, le "Nocturne" de Lekeu et "La bonne chanson" de Fauré oscillent entre intimité chambriste et ambitions orchestrales. Au delà de ces pages pionnières et célèbres, le programme proposé par le Palazzetto Bru Zane revendique le retour à l'art de la transcription si cher au XIXe siècle et souhaite élargir le répertoire pour voix, cordes et piano afin de mettre en lumière quelques pépites oubliées. On retrouve ainsi Hahn, Berlioz, Saint-Saëns, Massenet, La Tombelle, Ropartz, Louiguy et Messager, avec comme fil conducteur les émois de l'abandon nocturne : charmes du crépuscule, voyage des songes, terreur du cauchemar ou ivresse de la fête... Les arrangements ont été réalisés par Alexandre Dratwicki à la manière du XIXe siècle. Si le programme se termine par "La Vie en rose", c'est bien un kaléidoscope de toutes les couleurs des sentiments humains qui est proposé ici. Avec l'étoffe des cordes et du piano, il présente sous un jour nouveau l'art de diseuse incomparable de Véronique Gens.
Après un album consacré à Bach, le ténor flamand et son ensemble A Nocte Temporis présentent un programme de musique française, consacré à Nicolas Clérambault (1676-1749), musicien très précoce et auteur de quatre livres comprenant un total de 21 cantates. Reinoud van Mechelen nous propose un florilège de ces Cantates françaises : Le Jaloux avec son air final "Dieu des amants", Apollon, L'Amour guéri par l'amour et Pyrame et Thisbé, tiré des Métamorphoses d'Ovide, où Clérambault enchaîne récitatif, airs, simphonies, comme dans une tragédie lyrique.