Pour ce premier disque chez Alpha, Sergey Kasprov, jeune artiste russe formé au Conservatoire de Moscou, défie les lois du temps. Il a en effet choisi de faire dialoguer les grands génies baroques et les romantiques russes : Rameau, Lully, Loeillet, Bach et Scarlatti relus et corrigés par Tausig, Godowsky et Rachmaninov. Dans la lignée de Marcelle Meyer, de Glenn Gould ou d'Alexandre Tharaud, Sergey Kasprov réussit le tour de force de s'affranchir des codes d'interprétation "baroques", en même temps que des traditions d'interprétation dix-neuviémistes, pour mieux rejoindre l'essentiel.L'excellente prise de son témoigne à merveille du discours respectueux du contrepoint d'origine, mais aussi de l'agilité à toute épreuve que nécessite une juste ornementation et de l'étonnante palette sonore qu'exige le romantisme tardif, le tout sur un Steinway contemporain de Rachmaninov. Un nouveau talent, une découverte Alpha !
Après deux enregistrements le premier consacré à Chopin (ZZT 347) et le second à Ravel et Scriabine (Alpha 277), et le Premier Prix du Concours Géza Anda en 2015, qui lui a permis de fortement développer sa carrière, le jeune pianiste américain Andrew Tyson a conçu un nouveau programme sur mesure autour de Domenico Scarlatti, Schubert, Mompou et Albéniz. Andrew Tyson a imaginé un programme autour des paysages, en partant de la pièce de Federico Mompou du même nom (Paisajes) et en poursuivant le voyage en Espagne (sonates de Domenico Scarlatti et premier livre d'Iberia d'Isaac Albéniz) et dans la campagne autrichienne (où Franz Schubert composa la Sonate en la majeur, D. 664).
Pour le lancement de sa collection de DVD, le label Alpha s'associe aux Talens Lyriques de Christophe Rousset dans l'opéra-ballet Les Indes Galantes, l'oeuvre la plus célèbre de Rameau dans sa version de 1750, dite de Toulouse. Particulièrement riche tant sur le plan musical que de l'atmosphère, scrutant l'amour « dans les contrées lointaines », la Turquie, le Pérou, la Perse et l'Amérique, elle répond à la quête de l'exotisme qui contamine tous les arts du siècle. La musique dansée de Rameau est toujours très suggestive, Evocatrice d'un mouvement, d'une atmosphère picturale. Du côté de la mise en scène, Laura Scozzi amène sa vision contemporaine de ces contrées et voyages. Cette production, filmée à l'Opéra National de Bordeaux, a marqué les célébrations Rameau en 2014 et a reçu un accueil unanime de la presse internationale.
La Fondation Orpheum, qui soutient les jeunes musiciens depuis plus de trente ans, s’est associée à Alpha Classics pour une série d’enregistrements consacrés aux concertos de Mozart, tous instruments confondus. Les meilleurs solistes de la jeune génération ont été sélectionnés sous la direction artistique d’Howard Griffiths, chef mozartien reconnu, qui considère que jouer sa musique, c’est comme « se regarder dans un miroir : on entend si tout est en place, musicalité, intonation, rythme, phrasé »… Pour ce cinquième volume, c’est la pianiste américaine Claire Huangci qui rejoint le Mozarteum-Orchester Salzburg et Howard Griffiths, son mentor depuis dix ans. Pour la musicienne, les concertos sont « de véritables révélations musicales, des œuvres pleines de virtuosité et de fantaisie ».
En 1594, Carlo Gesualdo, prince de Venosa, arrive à Ferrare pour son mariage avec Eléonore d'Este. La rencontre du noble musicien avec l'univers musical de Ferrare, et en particulier avec Luzzasco Luzzaschi, marquera fortement la formation du jeune Girolamo Frescobaldi. Dans sa maturité, le natif de Ferrare est parvenu à une fusion très personnelle des structures musicales d'origine nord-italienne (en particulier vénitienne) et de l'expérimentation musicale de l'école méridionale. L'objectif de ce projet est d'explorer les influences réciproques entre l'école de clavecin du Royaume de Naples et Girolamo Frescobaldi. Seront ainsi discutées les pages des grands expérimentateurs situés entre le XVIe et le XVIIe siècle (J. De Macque, Rodio, Stella), tout comme les compositeurs de la génération suivante qui ont transposé et réinterprété l'enseignement frescobaldien (Storace, Salvatore, L. Rossi). On s'intéressera également à certains de ses contemporains qui se sont engagés dans une voie parallèle (M. Rossi). Cet échange musical fertile, qui culmine avec les innovations très personnelles de Frescobaldi, illustre parfaitement l'esprit d'expérimentation et d'innovation musicales typique du début du XVIIe siècle, une époque qui, comme peu d'autres, recherchait et célébrait le renouveau esthétique.
Handel est l'un des compositeurs fétiches de Sandrine Piau, on se souvient de sa magnifique Alcina en DVD (ALPHA715) : " si j'ai incarné autrefois des héroïnes virevoltantes et légères, cet album offre un portrait de femmes puissantes, souvent meurtries. "... " Reines, magiciennes, sirènes, nous étions attirés par l'intensité musicale et émotionnelle que dégagent les espérances, les déceptions, les souffrances de ces femmes, sans oublier la malice ou la cruauté qu'elles savent aussi déployer. ", poursuit Jérôme Correas, complice de toujours de la soprano et chef des Paladins. À travers Almirena, Cleopatra ou Alcina, Haendel explore toutes les facettes de ces héroïnes déchues, caractères tranchés que l'on retrouve dans l'interprétation passionnée de Sandrine Piau.
Complices de longue date, Sandrine Piau et Véronique Gens rêvaient d'enregistrer ensemble. Elles rendent ici hommage à deux chanteuses nées comme elles à un an d'intervalle, Mme Dugazon (1755-1821) et Mme Saint-Huberty (1756-1812) : toutes deux triomphent à Paris, inspirent de nombreux librettistes et compositeurs, Gluck surnomme même la Saint-Huberty Madame-la-Ressource, la Dugazon devient un nom générique pour les rôles d'amoureuse naïve, puis de mère comique. Rivales ? Très probablement compte tenu de l'esprit querelleur du monde lyrique de l'époque, même si elles ne se sont jamais croisées sur scène... Mêlant airs et duos, Piau et Gens incarnent les héroïnes de Gluck, Grétry, Monsigny, J.-C. Bach, Piccinni, Edelmann et Cherubini... Elaboré en collaboration avec le Centre de musique baroque de Versailles, ce programme entre classicisme et pré-romantisme est au coeur des répertoires défendus par le Concert de la Loge de Julien Chauvin.
"Pour moi, jouer les suites de Bach, c'est toujours à un moment ou à un autre voir l'image des mains de Giacometti modelant la terre inlassablement jusqu'à ce qu'apparaisse un visage. °tre aux prises avec les suites de Bach est très proche de cela. Il s'agit de creuser la corde jusqu'à ce que naisse la phrase, ainsi que sa respiration juste. Une phrase en perpétuel devenir. Qui n'en finit pas de se faire et de se refaire. Pour les enregistrer longtemps j'ai attendu. Et puis voilà un jour, ou plutôt une nuit, j'ai commencé. Et il y a eu la rencontre avec Sarah Moon. Quand mon désir d'enregistrer les suites de Bach est né, j'ai rêvé de ses images. Parce que quand je les regarde, j'imagine la création du monde, la séparation entre les eaux, l'apparition de la terre, avant que l'histoire ne commence." --- Sonia Wieder-Atherton ---.
Alex Vizorek revisite Le Carnaval des animaux de Saint-Saëns. Le compositeur français n'avait pas imaginé que son bestiaire allait devenir une des oeuvres les plus célèbres de notre époque, un incontournable de la musique au même titre que le Pierre et le loup de Prokofiev... L'humoriste et comédien belge a donc réécrit le texte de cette " grande fantaisie zoologique " ; il en est le récitant, aux côtés du Duo Jatekok et de l'Orchestre national de Lille, sous la direction de Lucie Leguay... Un " délire drôle et poétique " entre marche royale du Lion, Poules, Coqs, mystérieuses Hémiones, parade hétéroclite des Tortues, de L'Eléphant et des Kangourous, fameux Aquarium qui a inspiré l'hymne du festival de Cannes et bien sûr célèbre Cygne.... " Lorsque l'homme reste loin, l'animal est heureux... " conclut Alex Vizorek. Pour célébrer Saint Saëns, mort il y a cent ans en 1921, le Duo Jatekok présente également un autre de ses tubes, la Danse macabre, dans sa version pour quatre mains. Naïri Badal et Adélaïde Panaget, l'orchestre et Lucie Leguay ferment cette parade haute en couleur avec le flamboyant Concerto pour deux pianos de Poulenc, créé en 1932 lors de la Xe Biennale de Venise.