Lassée de son mari, Rachel Clayborne, trente-deux ans, fuit l'Illinois en pleine nuit avec son bébé, pour rejoindre le seul endroit qu'elle considère comme un refuge possible : la ferme de sa grand-mère, Maddy, dans le Wisconsin. Mais cette dernière, mourante, veut léguer la maison à son auxiliaire de vie, Diane Bishop, membre de la tribu amérindienne des Ojibwés, expropriée de sa terre par un barrage dont la construction a été imposée par… la famille Clayborne. Bouleversée par la beauté saisissante du lieu et ses retrouvailles avec son premier amour, Rachel est emportée dans un tourbillon existentiel : doit-elle se battre pour garder la maison de son enfance ? Ou la restituer aux Bishop par souci de justice, comme l'y incitent ses valeurs et sa morale ? Saga familiale et drame intimiste tissés de magnifiques portraits de femmes, La Crue met en lumière, grâce à une écriture sensible et lyrique, ce que le barrage, symbole de la folie démirugique de l'Homme, a détruit : une nature somptueuse et le mode de vie ojibwé. Parmi le chaos des sentiments et des vies décrites, le roman donne ainsi à entendre la voix d'une rivière qui retrouve son cours. Et c'est peut-être là que réside le vrai sujet : inviter le lecteur à se demander ce que c'est d'être rivière dans la sinuosité de son cours comme dans la violence de ses débordements. Une rivière que Rachel a peut-être suivi et entendu grossir jusqu'à, elle aussi, sortir du cours habituel de sa vie.