Le 16 août 1972, le général Mohamed Oufkir tente d'assassiner Hassan II. Son coup d'Etat échoue. Oufkir est criblé de balles au palais. Version officielle : un " suicide de trahison ". Quatre mois plus tard, Fatima, la veuve du général, et ses six enfants sont arrêtés. Pendant dix-neuf ans, ils disparaissent de la surface de la terre, emmurés dans le jardin secret du roi du Maroc. De la palmeraie d'Assa, leur premier lieu de détention, à Bir-Jdid, un mouroir spécialement aménagé à leur intention, de leur évasion à leur arrivée en France, Stephen Smith fait revivre la terrible odyssée de ces morts vivants qui furent les intimes du souverain. Mais il raconte aussi pour la première fois la vie controversée de leur mari et père, héros de guerre et tortionnaire, connétable du roi et " général félon ", jusqu'au " drame shakespearien " qui finit par dresser l'un contre l'autre Hassan II et son homme lige. Récit biographique, saga familiale, livre d'enquêtes, notamment sur l'affaire Ben Barka, Oufkir, un destin marocain révèle les arcanes du palais et décrit, de l'intérieur, l'appareil répressif d'un régime que le général a servi puis trahi. Il restitue aussi son histoire à une famille dont on a voulu effacer jusqu'au souvenir. Car retracer le destin des Oufkir, ce n'est pas seulement réécrire les cinquante dernières années du Maroc, éclairer sa décolonisation et le rôle ambigu que la France y a joué et continue d'y jouer, c'est aussi remonter le fleuve amnésique de l'actualité jusqu'à la source d'un despotisme à façade républicaine.