Tomá, chercheur en génétique tchèque d'une quarantaine d'années, peine à se remettre de son divorce. Il se rend à contrecoeur à un colloque à Bangalore, capitale indienne de la Silicon Valley. D'humeur taciturne et solitaire, il rechigne à se lier avec les autres. Rien ne trouve grâce à ses yeux : les trottoirs sont sales, les couleurs des saris criardes et les tuk-tuks trop bruyants. Mais sa rencontre avec une brillante chercheuse indienne va bousculer les certitudes de cet Européen suffisant. L'Amour au temps du changement climatique est un texte profond et dérangeant qui interroge les racines de la xénophobie du point de vue d'un citoyen du monde. C'est aussi un roman porté par une langue agitée et enivrante pour lequel il a obtenu le prix Magnesia Litera, l'équivalent du Goncourt tchèque.
Pendant des années Ota Pavel s'est intéressé à ce que des athlètes ont dû accomplir, endurer, réaliser — mais aussi supporter et oublier. Leurs victoires, leurs défaites, leurs drames intérieurs, leurs tragédies personnelles. Il a ensuite mis tout son art d'écrivain à convertir ces observations en récit, réussissant en quelques pages à transformer un destin individuel en un drame puissant, à tirer d'une histoire personnelle des leçons universelles. Avec un regard toujours tendre, un style et un ton si caractéristiques, l'auteur de "Comment j'ai rencontré les poissons" (prix Mémorable 2017) parvient à évoquer la saveur de la gloire, mais aussi le goût amer des obstacles, de l'ingratitude et de l'oubli. Sa vision ample et profonde dépasse ainsi largement le seul univers du sport et des sportifs.
'Oui, j'y voyais clair soudain : la plupart des gens s'adonnent au mirage d'une double croyance : ils croient à la pérennité de la mémoire (des hommes, des choses, des actes, des nations) et à la possibilité de réparer (des actes, des erreurs, des péchés, des torts). L'une est aussi fausse que l'autre. La vérité se situe juste à l'opposé : tout sera oublié et rien ne sera réparé. Le rôle de la réparation (et par la vengeance et par le pardon) sera tenu par l'oubli. Personne ne réparera les torts commis, mais tous les torts seront oubliés.'
Qu'est-il resté de Tomas ? Une inscription : Il voulait le Royaume de Dieu sur la terre. Qu'est-il resté de Beethoven ? Un homme morose à l'invraisemblable crinière, qui prononce d'une voix sombre : "Es muss sein !" Qu'est-il resté de Franz ? Une inscription : Après un long égarement, le retour. Et ainsi de suite, et ainsi de suite..
Je sais que tu as toujours été un type droit et que tu en es fier. Mais pose-toi une question: Pourquoi dire la vérité? Qu'est-ce qui nous y oblige? Et pourquoi faut-il considérer la sincérité comme une vertu? Suppose que tu rencontres un fou qui affirme qu'il est un poisson et que nous sommes tous des poissons. Vas-tu te disputer avec lui? Vas-tu te déshabiller devant lui pour lui montrer que tu n'as pas de nageoires? Vas-tu lui dire en face ce que tu penses? Eh bien, dis-moi!"
Son frère se taisait, et Edouard poursuivit: "Si tu ne lui disais que la vérité, que ce que tu penses vraiment de lui, ça voudrait dire que tu consens à avoir une discussion sérieuse avec un fou et que tu es toi-même fou. C'est exactement la même chose avec le monde qui nous entoure. Si tu t'obstinais à lui dire la vérité en face, ça voudrait dire que tu le prends au sérieux. Et prendre au sérieux quelque chose d'aussi peu sérieux, c'est perdre soi-même tout son sérieux. Moi, je dois mentir pour ne pas prendre au sérieux des fous et ne pas devenir moi-même fou."
Jeune policier féru d'histoire médiévale, K est chargé de protéger une vielle dame. Mis à pied après qu'on l'a retrouvée morte, il est approché par l'étrange chevalier de Lübeck, personnage d'un autre temps qui veut rendre à Prague sa splendeur passée...
Pour échapper à la Gestapo, Eliska, une jeune doctoresse de Brno va lier son destin à celui de Joza, un idiot du village qu'elle vient de remettre sur pied. Dans l'urgence, le seul moyen d'effacer ses traces, c'est de suivre cet homme en Moravie du Nord, d'y devenir sa femme, et de vivre dans un village habité d'hommes rustres et de femmes soumises à des usages d'un autre temps. Premier roman.
"Qu'est-il resté des agonisants du Cambodge ? Une grande photo de la star américaine tenant dans ses bras un enfant jaune. Qu'est-il resté de Tomas ? Une inscription : Il voulait le Royaume de Dieu sur la terre. Qu'est-il resté de Beethoven ? Un homme morose à l'invraisemblable crinière, qui prononce d'une voix sombre : "Es muss sein ! " Qu'est-il resté de Franz ? Une inscription : Après un long égarement, le retour. Et ainsi de suite, et ainsi de suite. Avant d'être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c'est la station de correspondance entre l'être et l'oubli".
1938. À Marseille, Vladimír, tout juste nommé consul de la nouvelle Tchécoslovaquie, s'installe dans ses murs, ébloui par la vitalité du grand port. Pendant ce temps à Strasbourg, Bojena – jeune Praguoise en route pour l'Amérique – vole le bébé d'une autre émigrante, une Juive morte en couche. Ou le sauve ? En tout cas, elle poursuit son chemin avec l'enfant et sa poupée de chiffon. Mais à Munich, ce même an 1938, le sort de la Tchécoslovaquie est scellé. Celui de l'Europe aussi. Ce sera la guerre. Et plus que jamais la quête d'un Nouveau Monde. La tourmente européenne réunit tous ces destins en Provence. Séparations, retrouvailles, résistance, clandestinité… Jusqu'au retour à Prague et aux espérances trahies. La poupée a tout vu de ses yeux de nacre émerveillés. Elle a tout entendu. Dans ce tumulte terrible et merveilleux elle fait entendre sa petite voix où l'on retrouve l'humour, la poésie, la tendresse et la gravité de Lenka Hornakova-Civade. Née en 1971 dans l'actuelle République tchèque, Lenka Hornakova-Civade mène de front l'écriture et la peinture. Giboulées de soleil, son premier roman, a reçu le prix Renaudot des lycéens 2016. Son deuxième roman Une verrière sous le ciel a été salué par le prix littéraire Richelieu de la Francophonie 2019. Elle vit dans le Vaucluse.
Un roman qui tend à démontrer qu'avant d'être oubliés, nous serons changés en kitsch. "Le kitsch, c'est la station de correspondance entre l'être et l'oubli."
«Qu'est-il resté des agonisants du Cambodge ? Une grande photo de la star américaine tenant dans ses bras un enfant jaune. Qu'est-il resté de Tomas ? Une inscription : Il voulait le Royaume de Dieu sur la terre. Qu'est-il resté de Beethoven ? Un homme morose à l'invraisemblable crinière, qui prononce d'une voix sombre : «Es muss sein !» Qu'est-il resté de Franz ? Une inscription : Après un long égarement, le retour. Et ainsi de suite, et ainsi de suite. Avant d'être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c'est la station de correspondance entre l'être et l'oubli». L'écoute en classe de ces CD est autorisée par l'éditeur.
Agnès et Laura sont deux soeurs, la première est l'épouse de Paul. Avant l'accident qui va causer sa mort, Agnès semble déjà s'effacer. Laura deviendra l'épouse de Paul. L'image de soi prévaut sur le soi, comme une préfiguration de l'immortalité.