Un livre serré, dense, subtil. Un livre très " propre ", a-t-on envie d'écrire. Son sujet : les définitions, les repères, les techniques de la propreté corporelle entre Moyen Age et XXe siècle. Sa thèse : qu'il ne faut pas confondre le renforcement de l'exigence de propreté, toujours plus insistante à partir du XVIe siècle, avec les pratiques qui aujourd'hui ont charge d'assurer la netteté du corps [...]. Mais le livre est plus que cela. Il s'appuie, en effet, avec liberté et intelligence, sur les hypothèses proposées par le sociologue allemand Norbert Elias pour rendre compte du " processus de civilisation " qui caractérise les sociétés d'Occident entre XIIe et XIXe siècles [...]. Là est sans doute le prix de ce livre qui analyse le procès de civilisation occidentale à partir de l'un de ses traits les plus fondamentaux : à savoir, les transformations du rapport que les hommes ont eu avec leur corps. Séché, baigné, lavé.
Le maquillage du Joker a envahi les manifestations de lutte sociale, la cornette des « servantes écarlates » celles de défense des droits des femmes. Une déclaration de J.K. Rowling sur les femmes transgenres a déclenché le courroux des fans de Harry Potter. Quant à Game of Thrones, nombreux sont ceux qui y lisent l'invasion de marcheurs blancs comme une allégorie de la catastrophe climatique à venir. Indubitablement, les littératures de l'imaginaire, longtemps perçues comme de simples moyens d'évasion, sont devenues un creuset de mobilisation civique, des arènes où se jouent de féroces affrontements militants. On peut y voir l'affirmation exaltante d'une capacité des fictions grand public : celle de parler de notre époque, pour changer les mentalités ou rêver le futur. Mais ce mouvement va de pair avec une profonde transformation du statut des lecteurs et des spectateurs. Qui vont désormais jusqu'à contester l'autorité de l'auteur sur sa propre création… Anne Besson, grande spécialiste des mondes alternatifs, décrypte les ressorts et les enjeux de ce rôle politique, à présent déterminant, que jouent la fantasy et la science-fiction dans nos sociétés.
On ne se souvient généralement pas que la pédophilie a été considérée comme une cause défendable voici seulement une cinquantaine d'années. Au nom du processus de libération des moeurs, de grands intellectuels, de grands éditeurs, de grands journaux, à gauche mais aussi à droite, homosexuels comme hétérosexuels, l'ont défendue de façon passionnée. Certes, une telle position faisait débat. Mais certains étaient résolument convaincus que la lutte en faveur de la pédophilie était un combat politique qui valait la peine d'être mené.Ce livre se replonge dans les controverses de l'époque et passe à la loupe les arguments des différents protagonistes. L'auteur observe ensuite comment ces controverses s'arrêtent, la défense de la pédophilie devenant peu à peu impossible. Mais c'est en 2020, avec la publication du Consentement de Vanessa Springora, que la question pédophile subit sa dernière métamorphose. Dans le sillage du mouvement #metoo, le livre connaît un retentissement mondial et paraît faire passer la France à une ère nouvelle : celle où l'on sait prendre la parole des victimes au sérieux.Cet ouvrage reprend les thèmes explorés dans L'enfant interdit et se veut un condensé de ce texte rendu accessible pour le grand public
L'économiste Nicolas Bouzou défend avec force les nouvelles formes de relations amoureuses et de procréation qui, loin de tuer la famille, en font la valeur sûre de demain. Le capitalisme de l'hyperchoix fait de nous des enfants gâtés ne supportant plus la frustration ; des consommateurs, des employés, des électeurs structurellement infidèles. D'où notre difficulté à vivre en couple — cette institution qui encadre notre liberté et gêne notre individualisme — et le succès des applications de rencontres. Sommes-nous pour autant condamnés à l'infidélité et au divorce ? Faut-il être célibataire pour être heureux ? La PMA, la GPA et surtout l'extraordinaire progrès des biotechnologies modifient également notre rapport aux enfants et la façon dont nous procréons. Existe-t-il pour autant un risque d'« enfants sur commande » ? Ou au contraire une peur de procréer et un déclin démographique ? Mêlant économie, démographie et philosophie, Nicolas Bouzou démontre que la liberté sexuelle, l'extension de la PMA et la génétique nous offrent de nouvelles opportunités pour construire des familles basées sur l'amour. Dans cette période de destruction-créatrice inédite par son ampleur et sa vitesse, le couple et la famille sont peut-être même la « maison » la plus solide et la plus rassurante qui soit. Les conservateurs inquiets peuvent être rassurés : la famille résiste à tous les assauts. La modernité ne la tue pas, elle la renforce. Le XXIe siècle pourrait être celui de l'« amour augmenté ». C'est entre nos mains.
« La vieillesse », dit-on, comme s'il n'y en avait qu'une ! En réalité, il y en a plusieurs. À chacun de trouver la sienne. Mais la société a posé un chiffre sur vous, comme un dossard sur le dos d'un coureur. Le chiffre fait loi. Vous l'atteignez : vous voilà dans une case ou dans une cage… Rassurez-vous, tout n'est pas perdu. Vous constituez un marché rentable. On va s'occuper de vous. Vous choyer. Vous solliciter. Les profiteurs sont maintenant lancés à vos trousses, prêts à tout pour vous convaincre et vous vendre leur camelote. Vous voilà prisonniers de l'idéologie ambiante, fin prêts pour la consommation.Mais le droit à la désobéissance existe. Alors, laissez-là les pièges et les mensonges de la société. Prenez la clé des champs. Vivez votre âge comme vous l'entendez. Non comme une course après la jeunesse qui s'enfuit, mais comme l'apprentissage d'une nouvelle aventure et la poursuite de votre voyage intérieur. En lisant, en rêvant, en vous promenant dans la compagnie des sages.
"Vous devriez voir quelqu'un..." Qui n'a pas reçu, ou donné, ce conseil ? Appelé à la rescousse pour le trop plein d'activité d'un bambin, une crise d'ado, un recrutement ou un licenciement, une rupture amoureuse, une libido en berne, une retraite annoncée, le "décodage" d'un homme politique, d'un people ou d'un délinquant, le psy est devenu la figure tutélaire de notre quotidien. Transformé en coach, nounou ou gourou, il nous accompagne de notre naissance à notre dernier souffle et édicte bien souvent les règles du bien-vivre individuel et collectif.
Sans remettre en cause l'apport thérapeutique des psys, ce livre est le coup de gueule d'une ancienne "addict" contre les excès de la psy-mania, la psychologisation à outrance de nos vies et celle d'une société toute entière. [Decitre]
A destination des parents, cet ouvrage se veut une mise en garde quant aux effets de la pornographie sur le développement affectif et sexuel des enfants et des adolescents. Après avoir dressé un état des lieux, les auteurs suggèrent des solutions pour prévenir les jeunes et les préserver du contact d'images dégradantes librement accessibles sur Internet et sur les téléphones portables.
La première grande lutte sociale du XXIe siècle sera pour l'instauration d'un revenu universel, perçu à vie par chacun dès sa majorité et suffisant pour mener une vie décente. Car ce revenu est le moyen le plus concret, le plus puissant, dont nous disposons pour nous délivrer de la servitude capitaliste, qui nous étrangle par la double chaîne du travail et de la consommation: « toute ta vie dépendra de l'argent que tu gagneras dans nos entreprises, et tout ton bonheur dépendra des produits que tu achèteras dans nos magasins ». Or, la nécessité de travailler n'est plus aujourd'hui qu'une contrainte artificielle, parce que nos technologies, nos machines, sont si puissantes qu'elles réduisent toujours plus la part du travail humain. La revendication du revenu universel n'est donc plus une utopie, c'est l'adaptation de nos vies aux possibilités réelles du temps présent. Mais qu'allons-nous faire de ce temps libéré, si nous l'obtenons ? Si c'est pour consommer encore plus, nous resterons tenus par la seconde chaîne du capitalisme. Par conséquent, le combat pour le revenu universel doit être en même temps une grande réflexion sur son usage. John Maynard Keynes nous invitait dès les années 1930 à réfléchir à cette mutation proche de l'histoire humaine où « le vieil Adam » n'aura plus à gagner son pain à la sueur de son front et devra supporter le vertige formidable et redoutable d'une liberté entièrement nouvelle. Saurons-nous la consacrer, comme il l'espérait, « à nos vrais problèmes, ceux de la vie et des relations entre les hommes, ceux des créations de l'esprit, ceux de la religion » et aux moyens de « mener une vie judicieuse, agréable et bonne » ? Bref, le défi du revenu universel est double : nous délivrer de l'esclavage capitaliste, et nous donner le loisir de faire des questions essentielles de notre condition non plus un supplément d'âme pour soirées et weekends mais la quête quotidienne d'une vie douée de sens.
Combien de fois avez-vous été sollicités pour attribuer une note ? Pensez à vos derniers achats en ligne, aux étoiles qu'on attribue à un chauffeur ou un livreur... on ne les voit même plus. Cette mode est aussi silencieuse qu'irrésistible : hôpitaux, services publics, tous ont vocation à être comparés, classés. Mais, comme dans le privé, le système porte en germe de graves dérives.Des collèges jésuites du XVIe siècle où elle est née jusqu'aujourd'hui, la notation pose un ensemble de questions auxquelles il devenait urgent de répondre. Vincent Coquaz et Ismaël Halissat ont enquêté : de TripAdvisor à Amazon, en passant par Uber, jusqu'aux notes citoyennes expérimentées en Chine, ils se sont plongés dans les méandres des avis clients, où une bonne étoile peut faire ou défaire une réputation et mettre en péril un emploi.Inventé par un gourou américain du marketing, le questionnaire de satisfaction moderne est devenu dans le meilleur des cas une fin en soi absurde. Dans le pire, il impose un stress infernal aux employés. Dans certaines entreprises, les salariés se notent même entre eux. Et, comme à l'école, la tentation de tricher pour améliorer sa note est souvent grande…Pire, une partie des notes qui nous sont attribuées sont totalement invisibles. En tant que consommateurs, travailleurs, et demain peut-être en tant que citoyens, nous sommes pour l'instant totalement désarmés devant cette nouvelle guerre des étoiles. Vincent Coquaz est journaliste à la rubrique CheckNews de Libération et formateur en école de journalisme. Il a précédemment travaillé pour Arrêt sur Images. Ismaël Halissat est journaliste au service police/justice de Libération. Il a enquêté récemment sur les armes du maintien de l'ordre et sur plusieurs faits de violences policières.
Comment le mouvement du logiciel libre, porteur d'une certaine éthique, a-t-il pu s'étendre hors du champ de l'informatique ? Comment l'appréhender, dans quoi s'inscrit-il et que crée-t-il ? Les réponses du sociologue Sébastien Broca. Ce livre désormais incontournable, a été salué unanimement par la presse et les spécialiste du domaine. C'est un ouvrage éclairant pour découvrir le logiciel libre et le terreau social sur lequel il est né. L'auteur montre aussi comment les méthodes et valeurs du numérique « libre » peuvent changer la politique.
Voici l'ouvrage sur une des révolutions scientifiques les plus importantes de ces cinquante dernières années. Un livre qui va changer votre vie ! Jusqu'à ces dernières années, la science expliquait que nous étions programmés par notre patrimoine génétique. Or, à la lumière de recherches récentes, les scientifiques revoient leur théorie. La nouvelle révolution en biologie, appelée épigénétique, montre que votre comportement quotidien – ce que vous mangez, l'exercice que vous pratiquez, votre résistance au stress, le style de vie que vous adoptez… – va inhiber ou activer certains de vos gènes. Vous êtes comme le chef d'orchestre d'une symphonie, co-auteur de votre vie, de votre santé, de votre équilibre. Joël de Rosnay raconte cette révolution et ses répercussions sur le «vivant». Il dispense également de nombreux conseils pour prendre soin de son environnement personnel, et ainsi rester en bonne santé. Par ailleurs, il élargit cette notion, fondée sur l'interdépendance entre individu et environnement, à la société tout entière. Il dessine les fondements du monde de demain en imaginant le passage d'une démocratie représentative à une démocratie participative, et enjoint les nouvelles générations à faire le pari de moins de compétition et de plus d'optimisme. Il décrit des citoyens engagés à tous les niveaux de décision (politique, économique, sociétal…) et l'avènement d'une économie plus collaborative et « circulaire ».
Enquêtant en Europe et au Québec auprès des patients, des médecins, de la famille et des aidants, l'auteur met en avant l'importance du lien avec le malade d'Alzheimer et les difficultés rencontrées par les personnes concernées. Il souligne la souffrance psychologique créée par le regard de l'autre et la dégradation de l'image de soi.