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Quand en 1973, cet album est paru, le monde a découvert, les yeux ébahis, que le soleil est las de devoir se lever tous les matins, que des éléphants jouent au bowling à l'étage au-dessus, et qu'une petite visite à l'araignée que nous avons au plafond peut être salutaire.

Paul Atréides a triomphé. En douze ans de guerre, ses Fremen ont conquis l'univers. Il est devenu l'empereur Muad'Dib et il voit l'avenir. Ses ennemis, il les connaît. Ils vont essayer de lui reprendre l'épice qui donne la prescience. Il peut déjouer leurs plans, mais voit plus loin encore. Et s'il ruinait son oeuvre en matant ses ennemis ? Peut-être n'y a-t-il pour le prescient pas d'autre liberté que celle du sacrifice...

A cette heure dernière, au milieu de cet air surchauffé, les femmes régnaient. Elles avaient pris d'assaut les magasins, elles y camapient comme en pays conquis, ainsi qu'une horde envahissante, installée dans la débâcle des marchandises. Les vendeurs, assourdis, brisés, n'étaient plus que leurs choses, dont elles disposaient avec une tyrannie de souveraines. De grosses dames bousculaient le monde. Les plus minces tenaient de la place, devenaient arrogantes... La clientèle se ruait au buffet dans une rage d'appétit, les mères elles-mêmes s'y gorgeaient de malaga... Quarante mille ballons rouges avaient pris leur vol dans l'air chaud des magasins, toute une nuée de ballons rouges qui flottaient à cette heure d'un bout à l'autre de Paris, portant au ciel le nom du Bonheur des Dames !

Journal de voyage qui se présente sous forme d'esquisses, cette oeuvre de Canetti restitue non seulement les voix, mais aussi les couleurs et les odeurs de la grande ville marocaine dans l'intimité de sa vie quotidienne.