Cet ouvrage est le premier à mettre en lumière, photographies à l'appui, l'importance des rituels yoruba anciens a travers les manifestations de danseurs masqués, et leur impact sur la quête identitaire des mondes africains et américains actuels.
Bien connus par leur musique, leurs dramaturges, et leurs écrivains, les Yoruba vivent en Afrique de l'Ouest, au sud du Nigeria, du Benin et du Togo. Ils constituent un ensemble culturel défini autour d'une langue commune et de la croyance en un dieu unique. Le but de cet ouvrage est de montrer comment ces pratiques ancestrales continuent de donner jour à un patrimoine qui mêle la sculpture, la danse et l'art du vêtement.
Afin d'assurer leur cohésion religieuse et sociale ainsi que leur protection, les Yoruba, depuis plusieurs siècles, se sont organisés en sociétés, certaines très fermées, d'autres plus publiques dont plusieurs survivent encore. Elles exercent un poids réel auprès des autorités politiques actuelles dans les trois pays concernés.
Deux de ces sociétés sont particulièrement connues : celle des Egun, et celle des Guèlèdè. Les Egun forment une organisation secrète, honorent les morts et les ancêtres, et se manifestent en public de jour. Ils veillent au bon ordre du groupe.
Les Guèlèdè sortent afin de mettre de l'ordre dans la société : si la pluie ne tombe pas, par exemple, ou en cas de maladie. Les masques représentent souvent des femmes, mais sont portés par des hommes. Le sens de la danse est donné par le chant et le masque est réalisé une fois le chant composé. Ce sont des sculpteurs spécialisés qui travaillent le bois.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, des familles entières de Yoruba furent déportées comme esclaves en Amérique, mais regroupées, notamment au nord du Brésil, par grandes régions de provenance. Hommes et femmes, alors, firent revivre une partie de leur passé culturel. Ils s'exprimèrent plus particulièrement à travers les sociétés de culte et de possession, la musique, les chants, la danse, les enrichissant d'apports d'autres groupes africains et des cultures locales. Le culte des revenants reste bien connu au Brésil, à Cuba et cristallise en partie autour de lui le désir qu'ont les communautés noires américaines des Etats-Unis de retrouver leurs origines propres.