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Il y a deux cents ans, Champollion déchiffrait les hiéroglyphes égyptiens, résolvant l’une des plus grandes énigmes de l’histoire de l’humanité. Retour sur une épopée scientifique qu’il n’aurait jamais pu mener à bien sans l’aide de son frère aîné.
Le 14 septembre 1822, dans une petite chambre mansardée de la rue Mazarine à Paris, Jean-François Champollion déclare à son frère aîné, Jacques-Joseph, qu’il vient d’achever son système de traduction des hiéroglyphes, au terme d’un travail de près de vingt ans. Si Jacques-Joseph est le premier à apprendre la nouvelle ("Je tiens l’affaire !", se serait exclamé Jean-François avant, épuisé, de s’évanouir à ses pieds), c’est parce qu’il a été à ses côtés depuis le début, l’aidant à affronter les obstacles scientifiques et politiques qui ont entravé sa recherche. Quelques années plus tard, Champollion réalisera son rêve : se rendre en Égypte pour compléter ses connaissances, jusque-là acquises par la seule force de son esprit scientifique acharné. Un voyage fondateur pour l’égyptologie moderne, auquel le déchiffreur ne survivra pas longtemps. Jacques-Joseph consacrera alors le reste de sa vie à faire vivre les travaux de son cadet.
Un génie et son ombre
C’est une belle histoire, oubliée des manuels scolaires, que raconte ce documentaire foisonnant. La récente étude des archives de la famille Champollion a permis de la mettre au jour, éclairant d’une lumière nouvelle l’aventure extraordinaire que fut le déchiffrement des hiéroglyphes. Si la sagacité hors du commun et la ténacité passionnée de Jean-François Champollion sont connues, auraient-elles pu le conduire au succès sans le soutien indéfectible de Jacques-Joseph, qui l’accompagnait dans l’ombre ? Leur correspondance, riche de quelque sept cents lettres, révèle une relation d’interdépendance jamais remise en cause. Elle dévoile également le contexte socio-politique dans lequel naviguaient les deux frères, républicains convaincus, dans les premières décennies troublées du XIXe siècle, ainsi que le rôle joué par d’autres personnages, comme leur protecteur, le préfet de l’Isère Joseph Fourier, ou le savant anglais Thomas Young, éternel concurrent. De Grenoble à Paris jusqu’aux rives du Nil, un voyage riche en rebondissements, qui suscite encore l'admiration des égyptologues actuels.
Dans un bouleversant journal intime filmé, Rémi Delescluse, né d'un donneur anonyme, enquête sur son géniteur et rencontre celles et ceux qui militent pour la levée du secret.
La compagne de Rémi Delescluse va bientôt mettre au monde une fille. À l’approche de l’heureux événement, le futur papa prend soudain conscience qu’un vide s’invite à la fête : "Ma fille porte déjà en elle une part de cet homme et je ne sais absolument rien de lui", constate-t-il. Lui, c’est le donneur anonyme dont le sperme a servi à l’insémination artificielle de la mère de Rémi. Le désir d’humaniser cet homme, mais aussi de connaître ses antécédents médicaux, la moitié de son patrimoine génétique lui étant inconnu, pousse le réalisateur à partir en quête de ses origines dans un film en forme de bouleversant et instructif journal intime filmé.
Deux cents enfants à lui seul
En France, depuis le début des années 1970, environ 70 000 enfants ont été conçus par insémination avec donneur anonyme, et la loi leur interdit toujours d’obtenir la moindre information sur leur géniteur. Dans les banques de sperme (les CECOS), les médecins avaient imaginé un dispositif construit autour du secret pour dissimuler la présence du donneur, car ils bousculaient alors l’ordre naturel de la conception et la société française n’y était pas encore disposée. Rémi Delescluse dévoile un système opaque, longtemps resté sans réel contrôle, comme l’atteste le témoignage d’un "serial donneur" qui aurait permis la conception d’environ deux cents enfants. Le cinéaste rencontre également des femmes et des hommes venus au monde de la même manière que lui. Une première génération devenue adulte qui, après avoir suivi en vain la voie légale, s’empare en derniers recours de tests ADN (interdits en France) pour retrouver leurs donneurs. À travers cette quête intime, le film explore le poids des secrets de famille et interroge les frontières de la filiation.