Oubliez Saint-Saëns, son Carnaval des Animaux - "Les éléphants sont des enfants qui font tout ce qu'on leur défend..."- et sa parodie de la Danse des Sylphes de Berlioz ! Parmi les instruments à cordes, la contrebasse vaut mieux que le rôle ingrat auquel la tradition l'a réduite. Dominik Wagner - également violoncelliste - entouré d'une joyeuse bande d'autres musiciens, le démontre aisément grâce à des compositions de Giovanni Bottesini (1821-1889), le Paganini de la contrebasse. Son Concerto nع1 bénéficie d'une orchestration brillante qui met en valeur la virtuosité éclatante du soliste dans une composition dont les trois mouvements miment en quelque sorte la forme inversée de la contrebasse (12:53, 07:17 et 04:25). Le Württembergisches Kammerorchester Heilbronn, dirigé par Emmanuel Tjeknavorian est ici mieux qu'un écrin : un véritable partenaire assumant les défis coloristiques que lui a assignés Bottesini pour mettre en valeur les timbres et le chant du soliste. Le Grand Duo Concertant pour Violon et Contrebasse fournit à cette dernière l'occasion de sonner plus haut que le violon de Benjamin Schmid ! De même le Grand Duo sur des thèmes des Puritains de Bellini pour violoncelle (Jeremias Fliedl) et contrebasse crée-t-il l'illusion du dialogue d'un baryton lyrique et d'une basse profonde. Enfin, quatre petites pièces dans lesquelles la contrebasse se joint alternativement à la voix de soprano (Ursula Langmayr) et au piano coloré et timbré de Can Çakmur, complètent cet enregistrement que l'on accueillera avec bonheur comme l'expression de la rédemption d'une bien injuste mal-aimée. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)