L'orpheline Giuseppa est surnommée « La Fortuna » pour la main généreuse qui a payé son éducation dans un couvent de Sicile. Elle mène toutefois une existence âpre au milieu de religieuses au cœur sec. Sa soif du monde et de liberté lui donne à l'âge adulte la force d'emmener mari et fils loin de la tyrannie de sa belle-famille, et loin de la terre natale. Avec pour seule boussole sa confiance en un avenir meilleur, elle entreprend de traverser la Méditerranée pour rejoindre les rives de la Tunisie, « petite Amérique » de l'immigration italienne, et pour se bâtir une nouvelle vie de femme libre. « J'ai un peu lu : Bible, contes siciliens, manuels de savoir-vivre français, traités de jardinage. Maigre bagage, pour un esprit qui s'éveille. Mais les sœurs craignaient que mon esprit ne caracole loin d'elles et limitaient mon horizon. Elles m'ont inculqué la peur de l'inconnu, pour faire de moi une fille docile, craignant de quitter la niche. Il fallait que je leur échappe, que je leur désobéisse pour vivre. » F. G.