Six mois d'enquête, deux ans de tournage, quatre films réalisés dans l'Oise (France). Le bassin creillois, où tous les indicateurs de la violence clignotent: violence urbaine, sexuelle, conjugale, sociale, délinquances et violences faites aux enfants. Victimes et prédateurs. Parfois les deux. Et l'envie d'en sortir, de reconstruire ces vies décousues. De la cité-jardin, devenue cité de non-droit, au Tribunal pour enfants, du couple qui se déchire au business des chéquiers volés, les histoires racontées dans ces quatre documents ne justifient ni le discours sécuritaire, ni l'angélisme de ceux qui ne vivraient pas là. D'où viennent ces violences ordinaires? Comment arrêter la spirale enclenchée? Un document édifiant.
DVD 1:
1. "Enfants en déroute" (74'): À l'étage pédiatrique de l'hôpital de Creil, la psychologue Sylvie François est débordée par les maladies répétitives, les conduites à risques et les tentatives de suicide des enfants de l'agglomération. De la naissance à l'adolescence, elle nous permet de comprendre les différentes étapes qui, dans la construction d'une personnalité, vont transformer un enfant qui souffre en jeune violent. Pour mieux comprendre, l'équipe du film a suivi, depuis le tribunal de Senlis, l'histoire de Nathalie, 30 ans, maman de Julie et Jordan, 8 et 10 ans, qui subissent les souffrances que la séparation de leur mère et de Thierry, leur père, a générées.
2. "Le business des chéquiers volés" (93'): Une jeune femme, Séverine, vient d'être arrêtée. Elle utilisait des chèques volés pour faire ses courses. En garde à vue, elle craque et raconte tout. En suivant, pendant deux ans, l'enquête des juges et policiers, la vie de Séverine et de ses voisines, l'arrestation des voleurs de chéquiers, puis le procès qui clôt l'affaire, on découvre ce qui se cache derrière le business des quartiers: une souffrance collective soulagée par les revenus de l'économie parallèle. Cet argent sale rend complice adultes et jeunes, tous tenus par la loi du silence. Les fils de la violence se tissent: les jeunes en surpuissance imposent leur loi aux plus vulnérables. Cette histoire bouleverse les clichés: si mille adultes vivent terrorisés par dix jeunes "à casquette", c'est parce que la débrouille génère des mécanismes de domination qui finissent par pourrir tout un quartier.
DVD 2:
1. "Au tribunal pour enfants" (77'): Un garçon de 15 ans a violé une jeune fille de 13 ans. Ils se connaissaient, fréquentaient le même collège, dans une petite commune de Picardie. L'histoire est tellement exemplaire des rapports entre filles et garçons de ce début du XXIe siècle que, pour la première fois dans l'histoire de la télévision, les autorités judiciaires ont autorisé le tournage du procès à huis clos au Tribunal pour enfants de Senlis. Par quels enchaînements un garçon sans histoire en arrive à basculer dans la violence sexuelle? Pourquoi une jeune fille se trouve piégée dans une relation qu'elle sait la conduire à la tragédie? Une terrible leçon de vie émerge de ce tribunal, présidé par une juge des enfants exceptionnelle, madame d'Andréa.
2. "Les mauvais garçons" (88'): La Commanderie est une des pires cités de France. Ici vivent 2.000 personnes rongées par la peur, la haine, la violence. Repère des combines et des arnaques, c'est un territoire contrôlé par les bandes. La plus réputée, celle des Scoots, s'est ouverte. Comment en sont-ils arrivés là? Comment cette petite résidence bourgeoise s'est-elle, en 40 ans, transformée en ghetto? Avec les parents des lascars, le film reconstitue l'histoire du quartier. Quarante années d'histoire de France en miniature où défilent De Gaulle, Mitterrand et Chirac, où l'on comprend comment des politiques d'immigration et d'aménagement du territoire peuvent à long terme pulvériser deux générations. Une plongée inexorable dans le trou noir de la société française.