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Dans le débat public, être décolonial est une infamie. Dans les universités, dans les partis de gauche et d'extrême gauche, les syndicats, les associations féministes, partout on traque une « pensée décoloniale » infiltrée et funeste pour le vivre-ensemble. Dans ce livre, Françoise Vergès élucide l'objet du scandale. Le féminisme décolonial révèle les impensés de la bonne conscience blanche ; il se situe du point de vue des femmes racisées : celles qui, travailleuses domestiques, nettoient le monde ; il dénonce un capitalisme foncièrement racial et patriarcal. Ces pages incisives proposent un autre récit du féminisme et posent toutes les questions qui fâchent : quelles alliances avec les femmes blanches ? Quelle solidarité avec les hommes racisés ? Quelles sont les première vie menacées par le capitalisme racial ? Pourquoi les néofascismes s'attaquent-ils aux femmes racisées ? Ce livre est une invitation à renouer avec la puissance utopique du féminisme, c'est-à-dire avec un imaginaire à même de porter une transformation radicale de la société.
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Le coronavirus n'est pas la première grande épidémie de l'histoire. Peste, variole, rougeole, choléra, fièvre jaune, grippe « espagnole », VIH/sida, tous ces épisodes ont suscité un mélange de terreur et de fascination qui rappelle le vertige face au sacré. Les progrès de la médecine n'ont pas dissipé ce sentiment paroxystique, même s'il n'atteint plus, et de loin, les niveaux d'intensité auxquels l'avaient porté des époques plus reculées. L'épidémie de coronavirus est décrite ici dans sa première période, avant l'arrivée des vaccins. Elle se divise en trois moments : d'abord un « confinement strict » de mars à mai ; puis « vivre avec le virus » à partir de juin ; enfin « écraser le virus » (« Zéro Covid ») à partir de janvier 2021. Marquée par le grotesque (Raoult, les anti-masques), elle est partagée entre deux utopies (la Chine ou l'enfermement militarisé, et la Suède ou le paradis perdu de l'immunité collective) et entre deux discours : celui des médecins, souvent jusqu'auboutistes dans leur défense de l'enfermement ; et celui des politiques, attentifs à l'opinion médicale mais craignant les embardées de la population. Le problème, est d'évaluer le choc du coronavirus sur la société française. À propos de mai-juin 1940, Marc Bloch opposait dans L'étrange défaite les Allemands qui « croyaient à l'action et à l'imprévu » aux Français qui « avaient donné (leur) foi à l'immobilité et au déjà fait ». Si cette première période de la crise du coronavirus a démontré quelque chose, ne serait-ce pas cette impuissance à nous défaire des liens du « déjà vu et du déjà fait » ? Patrick Zylberman est professeur émérite d'histoire de la santé (École des hautes études en santé publique). Il a récemment publié : Tempêtes microbiennes. Essai sur la politique de sécurité sanitaire dans le monde transatlantique (2013), et La guerre des vaccins (2020).
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Réflexions sur les éléments communs aux déclenchements d'épisodes révolutionnaires ou insurrectionnels, en France et dans le monde, depuis la Révolution française, et sur les leçons politiques à en tirer.
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Il y a plus de 150 ans, un publiciste méconnu mais disposant d'un important réseau de notables, Émile Boutmy, fonde l'École libre des sciences politiques. Après la défaite de Sedan et la Commune de Paris en 1871, il veut créer l'élite qui, «de proche en proche, donnera le ton à toute la nation», et convoite ainsi de «refaire une tête de peuple». Ce projet élitiste est toujours dans l'ADN de Sciences Po, rebaptisée ainsi après une nationalisation en trompe-l'œil en 1945 qui lui procure un statut dérogatoire, entre le public et le privé. Depuis sa fondation, Sciences Po est la matrice d'une domination diffuse. Ministres, hauts fonctionnaires, cadres des partis politiques sont diplômés de l'école dont l'influence s'étend aux médias, aux grandes entreprises, aux cabinets de conseil qui ont aujourd'hui la faveur de ses étudiants. On cultive sur ses bancs l'entre-soi des classes supérieures et la connivence idéologique, on y professe une gestion des affaires publiques qui éloigne le peuple des délibérations et décisions majeures. Loin de la légende dorée dont elle s'entoure, on verra dans ce livre comment Sciences Po a résisté aux tentatives de réformes, aux critiques comme aux scandales, et s'est affirmée avec le temps comme une pièce maîtresse du bloc bourgeois.
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Nouveauté
Il y a cinquante ans, la population de l'archipel des Comores était invitée à se prononcer sur le statut de son territoire. Si trois des quatre îles votèrent massivement pour l'indépendance, Mayotte (Maore), où un courant sécessionniste animé par l'élite créole exerçait un puissant lobbying, vota contre, tandis qu'à Paris l'armée et le « parti colonial » encore très puissant ne voulaient pas perdre cette position stratégique dans l'océan Indien. La France accorda donc l'indépendance aux Comores mais conserva Mayotte, devenue en 2011 le 101e département français à l'issue d'un processus unique de « colonisation consentie ». Tout renvoie à la colonie sur cette île : les ghettos de Blancs, la hiérarchisation raciale au travail comme dans la vie quotidienne, la dépendance économique envers la « métropole », les défaillances des infrastructures mises en lumière par les récentes pénuries d'eau… Entre des Mahorais reniant leur passé pour être « français à tout prix », dont la dérive vers l'extrême droite semble sans fin, des « métros » qui se comportent en terrain conquis et cultivent l'entre-soi, et des Comoriens devenus « étrangers » par l'effet d'une politique d'État délibérée, la violence à Mayotte est le résultat d'un double processus de dislocation et de colonisation. Ce livre raconte les principaux épisodes de cette histoire et dresse un portrait sans concession de « Mayotte française » et du présent colonial qui continue de l'animer.
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