Les grands-parents sont aujourd'hui des personnages essentiels dans la famille française. Nombreux, actifs, prêts à aider leurs enfants et petits-enfants, telle est l'image des "nouveaux grands-parents". Mais jusqu'où peut-on parler de nouveauté ? Les générations passées ne profitaient-elles pas de la présence des aïeuls ? Etaient-ils des vieillards dépendants ou de solennels et distants patriarches ? A l'aide de nombreuses archives inédits - registres paroissiaux, recensement, autobiographies, codes de savoir-vivre - Vincent Gourdon remet en cause ces simplifications et retrace pour la première fois la longue histoire des grands-parents en France. Loin de penser que les aïeuls apparaissent avec la spectaculaire montée de l'espérance de vie au XXe siècle, il montre leur forte implication dans les familles des siècles passés et leur capacité à suppléer les parents. Quant au modèle des grands-parents "gâteau", l'auteur prouve qu'il n'a pas émergé dans les dernières décennies, mais qu'il apparaît en plein siècle des Lumières, lorsque l'image baroque de la vieillesse comme détachement et retraite spirituelle entre en déclin et que philosophes et artistes dépeignent une paternité plus tendre, plus libérale, plus respectueuse de l'individualité des enfants. La Bourgeoisie du XIXe siècle favorise l'expansion de cette image valorisée de la grand-parenté. La figure du tendre aïeul, autonome, adoré et respecté par ses enfants et petits-enfants, opposée au patriarche aristocratique et, dans le monde paysan et ouvrier, au vieillard abandonné, se répand progressivement dans les familles, la législation, l'art et la culture scolaire. Sensible à la diversité des asepcts offerts par les sources, aux détails du quotidien comme aux enjeux idéologiques, Vincent retrace la généalogie complexe de la reconnaissace dont jouissent aujourd'hui les grands-parents.