Armide est la dernière tragédie en musique née de la collaboration de Lully et de son librettiste Quinault. Le sujet - l'amour malheureux de la magicienne Armide pour le chevalier Renaud - est tiré de la Jérusalem libérée du Tasse. 5 février 1686. La foule s'empresse pour aller découvrir la onzième et dernière tragédie lyrique de Lully. Et elle ne s'y trompe pas : Armide, véritable chef d'oeuvre, sera auréolé d'un succès durable. La tragédie lyrique classique atteint là un aboutissement total, tant au niveau littéraire que musical. L'oeuvre compte, entre autres pages d'une intensité rare, le célèbre monologue d'Armide "Enfin, il est en ma puissance", érigé en modèle du récitatif à la française. Il deviendra même, dans les années 1750, un enjeu de la Querelle des Bouffons, à propos duquel se disputeront Rameau et Rousseau. Après Bellérophon, Phaéton et Amadis, la redécouverte tant attendue d'Armide par Les Talens Lyriques et Christophe Rousset, servie par un casting impeccable, pose un point d'orgue dans leur "Collection Lully" chez Aparté.
Après le succès du premier volume (Diapason d'or de l'année 2014), Ophélie Gaillard et Pulcinella Orchestra nous proposent un nouveau portrait du fils le plus doué et le plus surprenant de Jean-Sébastien Bach, Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788). Tenu en haute admiration en son propre siècle par Haydn, Gluck et Mozart, il nous apparaît de nos jours comme un génie totalement original. "Un musicien ne peut émouvoir les autres que s'il est lui-même ému : il est indispensable qu'il éprouve tous les états d'âme qu'il veut susciter chez les auditeurs ? Aux endroits langoureux et tristes, il deviendra langoureux et triste ; cela devra s'entendre et se voir." Par ces propos, Carl Philipp Emanuel Bach affirme sa vision de la musique qui se veut l'expression de sentiments personnels.
Benjamin Godard, violoniste et pianiste de grand talent, charma les salons de la Troisième République par l'élégance et la précision de son jeu. Il fut aussi un compositeur prolixe dont on ne s'étonnera pas qu'il ait dédié à ses deux instruments quatre splendides sonates qui forment un corpus de premier ordre. En effet, écrites dans la tradition beethovénienne de la sonate " sérieuse ", elles favorisent la qualité d'inspiration et l'intensité de l'émotion à une virtuosité facile que le romantisme prônait alors. Ces sonates laissent aussi voir différents visages de Godard, depuis l'opus 1 composé dans la fougue de ses 17 ans jusqu'à la quatrième sonate regardée comme un chef-d'oeuvre en la matière. L'oreille d'aujourd'hui se laissera également surprendre et toucher par la splendide Sonate n °3 dont les premières mesures suffisent à contredire les accusations d'académisme qui menacent parfois Godard. Il est étonnant qu'aucune de ces oeuvres, et moins encore l'intégralité, n'ait prêté à un enregistrement jusqu'à présent.
Après avoir exploré la musique des 19e et 20e siècles, Ophélie Gaillard revient avec son ensemble Pulcinella aux sources baroques pour mettre en lumière Luigi Boccherini, compositeur italien et premier virtuose du violoncelle de l'histoireTout comme les Suites de Jean Sébastien Bach, les partitions de Boccherini donnent à l'instrument ses lettres de noblesse. Il est au violoncelle ce que Vivaldi fut, une génération avant lui, au violon.De sa Toscane natale aux cours de Prusse, la carrière de ce musicien génial est jalonnée de voyages à travers l'Europe, jusqu'à l'Espagne. Des rythmes de danse endiablés de l'Andalousie à l'atmosphère nocturne des rues de Madrid, Boccherini " croque " en musique ce pays d'adoption.Ce disque-portrait en deux volumes explore tous les genres (concertos, sonate, symphonies) et invite l'incontournable soprano Sandrine Piau pour interpréter les pages poignantes de son chez d'oeuvre vocal : le Stabat Mater.
Tel Thésée déroulant le fil confié par Ariane pour retrouver son chemin dans le labyrinthe du Minotaure, Marianne Piketty se repère dans le labyrinthe du temps en inventant le passage du baroque vers notre présent. Pour ce faire, elle redonne forme et vie à Ariane en croisant les voix de Pietro Locatelli et Alex Nante. Car le mythe a inspiré et inspire encore. Locatelli, violoniste et compositeur aussi prodigieux que Vivaldi, a mis en musique l'abandon d'Ariane: Il Pianto d'Arianna dit la douleur de la liberté qui sépare et témoigne, sur le mode virtuose, de la puissance de l'imaginaire.Audacieuse passeuse de musique, Marianne Piketty donne corps à ce voyage dans le temps en réinventant, projet après projet, la forme adéquate du concert, qu'il soit live ou enregistré. C'est pourquoi les musiciens qu'elle réunit autour d'elle se répondent au nom de Concert Idéal, un projet rêvé que ce nouvel album concrétise.
Très populaires du vivant de Chopin, les Valses ont longtemps trôné sur les pupitres des professionnels comme des amateurs : particulièrement virtuoses - la plupart ne se danse évidemment pas -, parfois mélancoliques, elles conservent néanmoins la légèreté et la grâce propres au genre. Elles accompagnent François Chaplin depuis ses débuts. Après de nombreuses années passées à les jouer, à déjouer leur apparente simplicité et à sonder toute la poésie qu'elles recèlent, ce chopinien de la première heure réunit les 19 Valses consacrées par l'usage dans ce magnifique enregistrement, 10 ans après son intégrale des Nocturnes. Cette lecture complète et continue permet de les appréhender dans un ensemble étourdissant de verve et de beauté.