Méprisée par l'élite et les intellectuels, la gentillesse est aujourd'hui reléguée au rang des petites vertus. Son histoire est celle d'un discrédit : née dans la noblesse romaine, dénigrée dans le christianisme, réhabilitée à la Renaissance, elle s'étiole comme une fleur fanée dans la démocratie marchande. Emmanuel Jaffelin démonte les rouages de cette histoire contrariée et montre que la gentillesse est une vertu postmoderne. Entre sagesse et sainteté, elle offre aux hommes une morale praticable au quotidien et fondatrice d'un nouveau rapport à l'autre. Vertu caressante, véritable libido voluptatis, la gentillesse forge une morale pour notre temps, à portée de main, dont les petits gestes déploient de grands effets et préfigurent l'avènement d'un nouveau gentilhomme.