Peuplé de personnages qui sont autant d’écorchés vifs à tous les âges de la vie et qui, pendant une courte période, évoluent sur le théâtre plein de bruit et de fureur du complexe roman familial qui les rassemble, Sunset Park met en scène le rôle joué dans nos vies par tous les souvenirs et les traumatismes enfouis quand, remontant à la surface, ils impactent la destinée des uns et des autres pour, quel que soit le prix à payer, les ancrer enfin dans un présent partagé. Abandonnant la position rétrospective qui caractérisait les protagonistes de ses trois derniers romans – Dans le scriptorium (2007 ; Babel n° 900), Seul dans le noir (2009 ; Babel n° 1063), Invisible (2010) –, Paul Auster n’en continue pas moins à poursuivre, sur un mode ici plus compassionnel, la réflexion qu’il mène sur le douloureux passage du temps tel qu’il peut s’éprouver, ici et maintenant, chez des êtres jeunes confrontés à l’impitoyable et multiforme cruauté des sociétés contemporaines.