« Quatre mains frémissantes de fièvre, sinon cinq, ont collaboré à la rédaction de ce mémoire de mystère et d'épouvante. » La hantise est sœur siamoise des vieilles haines, des crimes sordides et des cupidités malsaines. Proche cousine de la terreur panique, celle qui lividifie les murs, blêmit les miroirs, empoisse marches et rampes et fait suer aux façades une peur qui en imbibe la pierre. Telle est Malpertuis, cette maison dont la masse sinistre se dresse au cœur du roman de Jean Ray. Là, gîte une famille engluée dans les routines et les bisbilles les plus sordides – affaires de coucheries et d'argent, de promiscuité et d'héritage. Mais, inexorablement, ces pathétiques pantins vont devenir le reflet d'un monde disparu, les proies d'une autre histoire, mythique et marquée par l'horreur du destin. Peu à peu, un effroi redoutable, plongeant ses racines aux origines païennes du monde, transfigure l'antique demeure. Paru en 1943, Malpertuis, œuvre la plus universellement célébrée de Jean Ray, a immédiatement accédé au rang de classique du fantastique, devenant avec La maison Usher de E.A. Poe, La maison de la sorcière de H.P. Lovecraft et La maison des damnés de Richard Matheson, une des plus fameuses tanières de l'épouvante.