Personnalité flamboyante, protéiforme et donc difficilement et saisissable, l'empereur Hadrien (117-138 ap. J.-C) a toujours intimidé les historiens, au point que rares sont ceux qui ont osé affronter sa démesure. Il est vrai que l'homme a de quoi impressionner : bâtisseur génial, astrologue convaincu, mathématicien exceptionnel, Hadrien a la curiosité insatiable du surdoué. Par touches, à la manière des impressionnistes, l'auteur parvient pourtant à trouver la clef de ce personnage hors du commun. Derrière son goût pour les voyages et la chasse, ses talents bien connus d'architecte (Panthéon, villa Adriana) et son obsession pour l'astrologie, transparaît surtout une quête désespérée pour prolonger son existence, à travers des rites magiques qui l'amenèrent peut-être à accepter le sacrifice de son amant Antinoüs. Est-ce pour cette raison qu'Hadrien, par ailleurs arrogant et autoritaire, fut souvent mal compris, voire haï de ses contemporains ? Son ?uvre au service de l'Empire est pourtant immense : elle passe par un rêve, accompli, de voir Rome étendre sa domination sur le monde, dans un réel rapprochement entre culture hellénistique et tradition romaine. Un monde qu'il parcourut en tous sens sa vie entière, de la Maurétanie à l'Asie Mineure, de l'Hispanie à la Gaule, de la Grèce à l'Egypte, pour mieux l'unifier et en borner les contours.