" On a le devoir d'aimer ses enfants, mais pas celui d'aimer ses parents. " De sa mère, Anne B. Ragde a toujours fait un personnage de roman. De ses romans. Pour le plaisir, plus ou moins assumé, de l'intéressée... Aujourd'hui que Birte vit ses derniers mois, allant de lit d'hôpital en rendez-vous médicaux, sa fille n'a plus le choix : fini la mise à distance romanesque. La preuve d'amour, la seule, la vraie, ce sera de raconter sa mère, sans fard, sans pseudonyme. Une femme kaléidoscope, une Majesté du quotidien, capable d'élever seule ses filles, dans le dénuement et l'adoration des belles choses, de créer un festin à partir d'un fond de frigo, de tuer pour un livre ou un tableau de Chagall... Peu encline aux tendresses, certes, mais l'inspiratrice d'une vie, la matrice d'une œuvre. Riche de cette relation patchwork, la fille fait de la mère un portrait doux-amer. Avec sa part d'ombre. Et son lot de lumière.