Dans une société ouverte, qu'est-ce qui distingue le langage totalitaire du langage démocratique ? Telle est la question posée ici par Robert Habeck, chef de file des Verts allemands et philosophe. « Tourisme de l'asile », « grand remplacement », « dictature de l'opinion », « trahison du peuple »… La brutalité langagière semble avoir envahi la vie publique. Mais de quoi est-il exactement question ? Où se situe la frontière entre la polémique démocratique constructive et un langage qui détruit toute possibilité de communication, qui exclut, déshumanise ? Analysant divers mécanismes de manipulation par les mots – quand l'extrême droite en vient par exemple à qualifier des écologistes de « nazis » –, Robert Habeck nous rappelle à quel point nos manières de nous exprimer, les termes auxquels nous recourons, jouent un rôle décisif pour la démocratie. En soulignant que le langage est d'une importance capitale – et pas seulement en politique –, il dessine les contours d'une langue suffisamment ouverte et variée pour rassembler les hommes et les femmes dans toute leur diversité et les faire s'interroger ensemble sur « qui nous voulons être ». Une interrogation cruciale aussi bien en Allemagne qu'en France.