Euridice Gusmão et sa sœur, Guida sont nées dans le Rio de Janeiro des années 1920, dans un quartier populaire où on boit, on danse, on mange, on crie. Les deux sœurs grandissent dans cette atmosphère exubérante, et quand vient le moment de se marier, Euridice épouse docilement le garçon rencontré lors d'un bal. Elle est ambitieuse, déborde d'idées plus brillantes les unes que les autres et a de l'or dans les doigts, mais elle comprend vite que son employé de banque de mari, tout comme sa famille, ne peuvent accepter qu'elle sorte du rang. Guida, elle, choisit un chemin différent. Reniée par ses parents après s'être enfuie avec Marcos, riche héritier avec qui elle vit un amour passionnel, elle devra assumer seule l'éducation de son fils après le départ de son mari. Et elle le fera sans jamais demander de comptes à personne. Autour d'elles, gravite une galerie de personnages terriblement humains, aussi bien dans leurs moments de bonté et de grâce que dans leurs petites bassesses. Zélia, la voisine d'Euridice, commère devant l'éternelle ; Filomena, ancienne prostituée reconvertie en nourrice ; Antonio, vieux garçon dominé par une mère revêche et hypocondriaque, et fasciné par les deux sœurs… À travers ces destins entrecroisés, Martha Batalha raconte l'histoire de deux femmes dont le seul crime est de ne pas vouloir vivre la vie de leur mère. Chacune à sa manière va s'arracher à la force du destin par le mariage, le travail, la maternité ou l'amitié. Un roman résolument optimiste où l'on perçoit l'annonce d'un monde meilleur, un monde où les femmes opprimées par les hommes, comme par le contexte social dans lequel elles évoluent, sont aussi des rebelles incontrôlables et terriblement attachantes.