Quelles sont les ruptures historiques qui conduisent à la violence de masse ? L'émergence de l'État en est une première. Par la guerre, les élites cherchent à se perpétuer au sommet des hiérarchies pour le pouvoir, pour la richesse. Le libéralisme est une deuxième rupture intervenant dans la progression humaniste des idées. Elle instaure la notion de concurrence et de compétition, laissant l'humanité orpheline de solidarité. Ces liens se reconstituent par des révolutions égalitaristes, par la classe, avec le communisme et son projet de transformation de la société, ou par la nation et la race, déchaînant au final la violence génocidaire nazie. La troisième rupture est la religion moderne, c'est-à-dire intolérante, identifiant le « païen » ou l'hérétique comme ennemi à abattre. Judaïsme, christianisme, islam, hindouisme et bouddhisme, aucune religion n'échappe à ce virage moderne. Thierry Camous est docteur en histoire ancienne de l'Université de Paris IV-Sorbonne et chercheur associé au CNRS, professeur agrégé à Nice et chargé de cours à'?Université de Nice-Sophia-Antipolis. Il est l'auteur de nombreux travaux sur les origines de Rome, mais s'est aussi particulièrement intéressé aux phénomènes de violence de masse. Son dernier ouvrage, Orients-Occidents, 25 siècles de guerres (PUF, 2007), a été traduit dans de nombreux pays.