Publié en 1912 et 1914, ce texte apparaît extérieurement et intérieurement comme un recueil chinois d'estampages. Sur chaque page est tracé un rectangle feignant d'être la table de pierre portant l'inscription. Comme l'écrit Segalen à son ami Manceron : "... tout le livre dans lequel le transfert de l'empire de Chine à l'empire sur soi-même est constant..."
La plus grande poésie des temps modernes, égale à celle d'Homère, Shakespeare et Dante, sonne dans ces Feuilles d'herbe. Elles eurent pour créateur un solitaire américain, poussé comme un gratte-ciel dans un désert inculte de maisons à bas étages. En 1855, Walt Whitman, de Brooklyn et de Manhattan, fit claquer ses vers comme des drapeaux de joie pour célébrer un seul et unique patriotisme : l'homme , l'homme de tous les temps, couleurs ou religions. Osons ce paradoxe : jamais les bons sentiments ne firent de meilleure littérature.