Nous aimons Phèdre pour ses moments d'humilité. Elle ne se défend pas ; elle connaît son opprobre ; l'étale aux pieds mêmes d'Hippolyte. L'excès de sa misère nous apparaît surtout lorsque, lui ayant décrit son triste corps qui a langui, qui a séché, dans les feux, dans les larmes, elle ne peut se retenir de crier à l'être qui est sa vie (rien de plus déchirant n'est jamais sorti d'une bouche humaine) : " Il suffit de tes yeux pour t'en persuader, Si tes yeux un moment pouvaient me regarder. " Prodigieuse lucidité.
«La tragédie racinienne est l’une des tentatives les plus intelligentes que l’on ait jamais faites pour donner à l’échec une profondeur esthétique : elle est vraiment l’art de l’échec, la construction admirablement retorse d’un spectacle de l’impossible.
"On peut, réticent à la première approche, être giralduciennisé. Mais on le sera davantage par la grâce irrationnelle d'une lecture improvisée, que par les savants commentaires des critiques, si éclairés sont-ils. Le secret de Jean Giraudoux? Tout être humain est double.", écrit son fils en préface.