4 résultat(s)
En 2021, un consortium international de médias révélait le scandale Pegasus : la surveillance illégale d’opposants, de journalistes ou de chefs d’État pratiquée par de nombreux pays via le logiciel israélien. Ce documentaire raconte les coulisses de l’enquête et expose les dérives mises au jour.
Le 18 juillet 2021, dix-sept médias internationaux levaient le voile sur les dérives de Pegasus, l’un des logiciels espions les plus intrusifs au monde, créé par la société israélienne NSO Group. Présentée comme un outil de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, cette arme informatique, capable de prendre le contrôle d’un téléphone en toute discrétion, a été utilisée par de nombreux États pour surveiller, à l’intérieur comme hors de leurs frontières, des responsables politiques, des journalistes, des avocats ou encore des militants des droits humains, mais aussi leurs contacts. Un an avant les révélations, Forbidden Stories accédait à une fuite de données contenant 50 000 numéros potentiellement visés entre 2016 et 2020. Avec le renfort de journalistes du Guardian, de Frontline et de quatorze autres rédactions, le collectif fondé par Laurent Richard se lançait alors dans une enquête tentaculaire pour identifier les personnes concernées et faire analyser leurs téléphones par des experts en sécurité informatique (Security Lab d’Amnesty International, Citizen Lab), afin d’y rechercher d’éventuelles traces d’infection. C’est ainsi que Diana Priest, du Washington Post, a pu établir que deux femmes proches de Jamal Khashoggi, son confrère saoudien assassiné à Istanbul – sur ordre probable du prince héritier Mohammed ben Salmane –, avaient été espionnées par Pegasus. De son côté, Le Monde a dévoilé que des ministres en exercice, et jusqu’au président Emmanuel Macron, figuraient sur la liste des numéros ciblés par le Maroc, pays pourtant "ami" de la France…
Instrument de répression
Plongeant dans les coulisses du "Projet Pegasus", Anne Poiret (Mossoul, après la guerre) et Arthur Bouvart mettent en lumière le rigoureux travail d’investigation mené par les médias associés, ainsi que certaines des effarantes affaires qu’ils ont contribué à faire émerger. À travers les témoignages de journalistes, du patron de WhatsApp Will Cathcart, qui a attaqué NSO en justice, de l’eurodéputée allemande Hannah Neumann ou d’un vétéran anonyme de l’unité 8200, le service de renseignements le plus avancé de Tsahal, qui alimente en ingénieurs les start-up de la tech israélienne, leur documentaire décrypte les rouages de ce système mondial d’espionnage hors de contrôle, outil de soft power pour l’État hébreu, instrument de répression pour des régimes autoritaires. En donnant la parole à des personnes traquées, il éclaire par ailleurs les répercussions intimes de cette intrusion invisible, vécue comme un traumatisme par les victimes et leurs proches.