Le réalisateur s'embarque avec un groupe d'émigrants africains cherchant à rejoindre l'Algérie depuis le Niger, à travers le désert. Une masse d'hommes s'entasse sur le plateau d'un pick-up par-dessus les maigres bagages qu'ils emportent, plusieurs camions se regroupent et un long voyage de cinq jours commence, derrière ces fragiles pyramides humaines oscillant sur la piste. C'est un miracle permanent qu'ils ne tombent pas des camions, de fatigue, au bout de plusieurs heures de route. Le rythme du film est accordé à celui de cette interminable épreuve pendant laquelle, comme l'écrit le réalisateur, ces hommes se transforment en sans papiers. Aux étapes, autour d'un feu, dans l'air glacé du désert la nuit, le réalisateur se rapproche de ses compagnons de voyage, qui se livrent un peu, par bribes, sans qu'il intervienne. Des individualités sont extraites de la masse indifférenciée, au moment où ils vont bientôt perdre cette identité. Le film les quitte avant la frontière avec l'Algérie et, en les voyant s'effacer dans la brume, on pense quÆils ne vivent que la première dÆune longue série dÆépreuves qui seront aussi dures et parfois mortelles.