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Incarnation du rêve américain et d’une féminité radicalement moderne, la peintre Georgia O’Keeffe (1887-1986) s’est taillé une place à part dans l’art du XXe siècle. Retour sur sa trajectoire à l’occasion de la rétrospective que lui consacre le Centre Pompidou.
Enfant du Wisconsin, où se sont établis ses grands-parents hongrois et irlandais, Georgia O’Keeffe grandit dans le ranch familial, poussée sur le chemin de l’indépendance par une mère fière et puissante. Animée d’une vocation précoce, elle suit des études d’art à New York avant de trouver sa propre voie créatrice ("remplir l’espace de belle manière") grâce aux enseignements d’Arthur Wesley Dow. Devenue professeure de dessin au Texas, elle regagne Big Apple en 1918, où l’éminent galeriste et photographe Alfred Stieglitz expose ses œuvres. Du Shelton Hotel aux rives de Lake George, elle peint les gratte-ciel et de sensuelles fleurs en gros plan tandis qu’il l’immortalise inlassablement. Les portraits et nus d’elle, capturés devant ses toiles, qu’il réunit en 1921 dans une exposition au parfum de scandale font de Georgia O’Keeffe une star. Six ans plus tard, l’irruption de Dorothy Norman, photographe débutante, dans la galerie d’Alfred Stieglitz jette une ombre sur leur mariage. L’artiste se réfugie au Nouveau-Mexique, partageant désormais sa vie entre l’Est et l’Ouest, entre son amour blessé et une nature consolatrice. Après l’échec d’une importante commande et une grave dépression, c’est encore dans ces contrées désertiques qu’elle retrouvera le goût de la peinture.
Atelier grandeur nature
Éclairé par sa biographe Roxana Robinson et l’historienne de l’art Barbara Buhler Lynes, cofondatrice du Georgia O'Keeffe Museum à Santa Fe, ce documentaire déroule la fascinante trajectoire de celle qui devint une icône de l’art américain. Faisant la part belle à ses œuvres, à ses confidences – entre interviews et extraits de correspondance dits par Charlotte Rampling – et aux clichés de son mari, ce film explore les deux passions indissociables qui marquèrent la vie et la carrière de Georgia O’Keeffe : Alfred Stieglitz et le Nouveau-Mexique, qu’elle n’a cessé, telle une pionnière, de parcourir pour s’imprégner de sa culture indienne et de ses paysages grandioses.
Inspiré de la démarche du photographe californien Tomas van Houtryve, ce film est une quête au présent du passé oublié de l’Ouest américain. Une traversée de la Californie au Nouveau-Mexique, à la rencontre de celles et de ceux qui défient les mythes fondateurs du Far West et de l’Amérique toute entière.
Ils sont indigènes, noirs, hispaniques, métisses. Ils vivent de l’autre côté de la frontière mexicaine - pas celle d’aujourd’hui, que le Président Trump rêve d’emmurer et de fermer, mais celle d’avant. Celle d’avant 1848 et le traité de Guadalupe-Hidalgo qui avait soldé la guerre américano-mexicaine en cédant aux États-Unis ce qu’on appelait jusqu’alors le Mexique du Nord : les actuels États de Californie, Nevada, Utah, Arizona, Nouveau-Mexique, Texas, Oklahoma, Kansas, ainsi qu’une partie du Colorado et du Wyoming.
Ils sont les héritiers d’une longue histoire qui a été effacée par un mythe – le mythe d’un Far West sauvage et vierge, conquis et civilisé par des pionniers blancs et anglo-saxons. Un mythe infiniment répété, écrit, photographié, filmé, transmis, enseigné. Un mythe qui a fait des habitants historiques de ces contrées des étrangers de l’intérieur, et qui légitime, aujourd’hui plus que jamais, le repli identitaire et la xénophobie la plus brutale. Le film cherche les traces du passé oublié dans les paysages saisissants de cette « frontière » et dans les traits de ces visages rescapés de l’oubli. C’est une quête d’une vérité historique, contre les outrances du patriotisme dévoyé et du populisme, contre l’amnésie.
Canada, Iqaluit… Sur une île de roches, non loin du cercle polaire, ils sont débarqué dans un élan similaire : partir pour tenter de recommencer. Le Grand Nord fut d’abord une porte de sortie, puis devint bientôt un endroit difficile à quitter. Ici, les existences sont en jachère. Ici, on fait son temps. Peu importe leur vie d’avant, ils sont maintenant chauffeurs de taxi dans cette ville isolée de l’Arctique. Seuls au volant de leur voiture, ils sillonnent, tournent littéralement en rond, jour et nuit. Un Tetris perpétuel sur ce qu’on appelle le "ring road" : une boucle asphaltée d’une dizaine de kilomètres. Même si les heures de travail sont longues et redondantes, ils ont tout le temps pour penser à cette vie qui les attend dans le sud du pays. "Exil au Far West" raconte la solitude et l’espoir sur fond de froid polaire.