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Déroulant comme une tragédie ce moment de 1978 où bascule l'histoire italienne, Marco Bellocchio réalise sa première série pour explorer dans toute son ampleur l'affaire Aldo Moro, qui lui avait inspiré il y a vingt ans le film Buongiorno, notte.
L'art et les faits
Toute la lumière n’a pas encore été faite sur l’enlèvement d’Aldo Moro, qui s’est révélé comme un tournant majeur de l’histoire de l’Italie du XXe siècle. Après son film Buongiorno, notte (2003), qui adoptait le regard d’une activiste des Brigades rouges, Marco Bellocchio porte l’affaire à l’écran pour la seconde fois, approfondissant son approche à travers cette série qui se pose comme une "interprétation artistique" des faits. Le récit multiplie les points de vue pour analyser l’enchaînement des causes et des effets qui a conduit à une mort absurde, signant autant l’échec du gouvernement que celui de l’action terroriste. Au fil des épisodes, le clan politique d’Aldo Moro, sa famille, le pape, un couple de révolutionnaires et Moro lui-même se retrouvent ainsi pris au piège d’un engrenage qui les dépasse. Bellocchio filme cette histoire comme une tragédie, doublée d’un récit d’espionnage où chaque personnage apparaît dans sa profondeur – y compris les plus grotesques, comme le ministre de l’Intérieur, Francesco Cossiga, qui manque de basculer dans la folie. Une œuvre sombre et captivante servie par un casting de choix, en tête duquel on retrouve Fabrizio Gifuni (Nos meilleures années), Toni Servillo (Il Divo, La grande bellezza) et Margherita Buy (Mia madre).