Nouveauté
Il est devenu difficile d'échapper à la musique, au point qu'on pourrait parler d'une pollution musicale généralisée. Comble de perversion, c'est au nom d'une prétendue "évasion" que cette présence s'impose dans son insolente infinité. Mais le hors-musical n'est-il pas la condition première de la musique ? Pour le caractériser, on se tournera vers la notion de perturbation. Produire des sons musicaux, c'est mettre en place un dispositif qui suppose quelque part un parasite. Si la musique peut se faire entendre, c'est qu'elle s'échappe de l'infinité de l'univers audible sur lequel elle s'enlève, ravissant l'oreille pour la transporter dans un monde où les sons, élevés à la libéralité, sont considérés pour eux-mêmes. L'ordre de la fiction, en sa relation consubstantielle avec la liberté, est ici fortement engagé. Les conséquences intellectuelles, morales et politiques ne sont pas minces. Le hurlement d'une musique imperturbable n'est autre qu'un silence absolu. Catherine Kintzler