Le 15 avril 2010, à Pontorgueil, petite ville d'un triangle imaginaire dont les autres points sont Verrières et Valsaunier, la cathédrale brûle et s'effondre. S'agit-il d'un accident ou d'un acte délibéré? On ne le saura pas mais, à l'occasion de cet événement, on découvrira que l'évêque entretient une liaison amoureuse avec une paroissienne. Pour le reste, on explore une vie sociale provinciale à souhait, dont chaque protagoniste cache ses turpitudes, soigne ses alliances et cherche avec plus ou moins d'obstination le pyromane: au choix, un migrant africain qui fait figure de coupable idéal, un fils de bonne famille qui a un mobile solide et aucun alibi, un marginal perdu dans les brumes de sa toxicomanie… De l'incendie, l'évêque et son amante sortent dévastés. Radicalement séparés et désertés par la foi, ils allument avec plus ou moins de bonheur des contrefeux destinés à protéger ce qui en eux n'est pas encore consumé. Les autres chercheront plutôt à en tirer les marrons, entreprise beaucoup plus pragmatique et, donc, promise à meilleure fortune. Succession de points de vue différents sur l'incendie et ses conséquences, le roman suit le fil rouge du feu: celui du désir, de la passion amoureuse, de la controverse ou de l'enfer – feu qui ravage ou régénère selon les cas. On y trouvera avant tout une jouissive chronique de la petitesse ordinaire et un discret éloge de l'indécidable.