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1971, en pleine guerre du Vietman. Michel Walzer a 36 ans ; il enseigne à Harvard et milite activement. Les États-Unis viennent d'envahir le Cambodge quand il écrit, en quelques semaines, ce qui deviendra ce Manuel d'action politique : un guide pratique et intellectuel pour toute personne désireuse de s'engager. Comment s'assurer que la cause défendue sera au bénéfice du plus grand nombre ? Quelle stratégie adopter pour obtenir gain de cause? Comment s'assurer que ses objectifs ne pèchent pas par irréalisme ? Comment composer avec les désaccords internes? Comment convaincre ses opposants? 2018, Trump est au pouvoir. Les étudiants américains veulent s'organiser. Leur prof leur photocopie son exemplaire de ce Manuel, indisponible depuis longtemps. « Pourquoi n'existe-t-il rien de ce genre dans les librairies ? » lui demandent-ils. Il y a là, affirment-ils, la réponse à toutes leurs questions. En 2019, la maison d'édition de la New York Review of Booksle réédite. Intentionnellement écrit sans référence au contexte de l'époque par celui qui deviendrait l'un des plus grands penseurs politiques de ces dernières années, ce manuel saisit par sa pertinence. Ce livre, sérieux et plein d'esprit, est une ressource indispensable pour les militants, une source de réflexion politique pour tous, et un appel à l'action formidablement réjouissant.
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Tout au long du règne de Hitler, Victor Klemperer prend note, dans son Journal, des graves distorsions infligées à la langue allemande par le nazisme. Les enseignants seront désormais soumis à une « révision nationale et politique » – comme les voitures, note-t-il en 1934. On parle de « système » pour désigner le régime des années de Weimar, vilipendé en tant que régime parlementaire et démocratique « enjuivé ». Quant à l'adjectif « fanatique », il passe du registre péjoratif au registre laudatif ; le terme « libéral », lui, devient, à l'inverse, péjoratif, avant de disparaître tout à fait au profit de « libéraliste ». Klemperer assiste en fait à une sorte d'inversion sémantique généralisée, dont il note chaque manifestation dans son Journal. Il en tirera LTI, grand livre sur la manipulation de la langue par l'idéologie. La langue confisquée restitue sa démarche, ce geste critique qui aide à comprendre comment on adhère à un langage, quel qu'il soit. Car la langue est un révélateur. Elle ne ment jamais : c'est elle, toujours, qui dit la vérité de son temps. Frédéric Joly, lisant Klemperer, nous aide ainsi à faire face à notre temps, ce temps de repli identitaire et de « post-vérité », un temps d'inquiétantes résurgences sémantiques aussi, où se voit brouillée la distinction essentielle entre le vrai et le faux.
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« Sauver la nuit » : cette revendication se fait chaque jour plus pressante. Aujourd'hui, la Voie lactée n'est plus visible pour plus d'un tiers de l'humanité. 83 % de la population mondiale vit sous un ciel entaché de pollution lumineuse. Or, on connaît désormais les effets négatifs de la lumière artificielle sur l'environnement (érosion de la biodiversité) et sur la santé (troubles de l'horloge interne, influence de la mélatonine sur le développement de certains cancers, etc.). « Nous laissera-t-on un ciel à observer ? » demandaient déjà les astronomes amateurs dans les années 1970. Samuel Challéat raconte l'émergence du « besoin d'obscurité », concomitant au développement urbain, les solutions actuellement mises en œuvre pour répondre à ce besoin, et la manière dont il est devenu un enjeu politique et économique. Économique, car dès lors que l'obscurité est rare, elle est chère, et donc potentiellement monétisable. Bien commun ou produit marchand, comment « sauver la nuit » au bénéfice de tous ?
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