Ce n'était que la fin octobre, mais Phil avait tenu à allumer un feu avec quelques bûches de pommier qu'ils avaient apportées de la campagne. De temps à autre, un peu de fumée aromatique flottait dans la pièce. Nous avions parlé de bonus de banquiers et des problèmes persistants d'Obama, avant de passer à un autre sujet : le nouveau plan de travail en érable de Joanna. Devait-elle l'huiler souvent ? "Une fois par jour pendant une semaine, une fois par semaine pendant un mois, une fois par mois pendant un an et ensuite quand on en a envie. - On dirait une formule pour le sexe conjugal. - Dick !". On est dans la classe moyenne anglaise, entre gens de bonne compagnie, on vit plutôt bien, on jardine avec ardeur, on part en longues randonnées pédestres, on fait l'amour, et entre chaque nouvelle de la première partie de Pulsations se déroule le fil de conversations de table parfois assez lestes et pleines d'ironie. Mais brusquement, comme il sait si bien le faire, Julian Barnes nous fait trébucher, basculer dans un tout autre registre, celui de l'émotion pure, de souvenirs d'amour et de mort. Dans la deuxième partie, cinq autres histoires, pour certaines inspirées de faits réels, vont constituer une tapisserie au petit point, chacune conduisant presque inéluctablement à une autre. Avec ce même souci de nous tenir éveillés en face du monde. En alerte...