Ces dernières années ont été marquées par une nouvelle forme d'action dans les musées visant à sensibiliser à l'urgence climatique ou des sujets de société, à coups de lancers de soupe ou de glue sur des chefs-d'œuvre reconnus. Mais que signifie cette soudaine mise au centre de l'espace muséal dans un combat social dont le musée semble a priori si éloigné ? Conserver les objets reste certes une des missions premières du musée, mais aujourd'hui il ne s'agit plus tant de transmettre un patrimoine matériel qu'un ensemble de récits qui font société. Le musée cristallise des enjeux contemporains. On lui a confié la lourde charge d'écrire une histoire collective, souvent au service d'une culture nationale — comme hors du temps et des remous de l'actualité — tout en recueillant des paroles singulières. Mais ce récit culturel est désormais contesté, dans ses contenus et sa forme même. Entre la curation et le storytelling, les récits qui se reconfigurent, se réagencent, se recomposent dans les images, les savoirs et les expériences partagés, participent d'un patrimoine nouveau — un post-patrimoine où les récits oraux et les communautés éphémères d'auditeurs font et défont les histoires. Ce post patrimoine est celui du musée aujourd'hui, un musée aux murs mobiles, qui laisse place à des récits instables et de imaginaires nouveaux.