L'Empereur tel qu'en lui-même sa demeure éternelle le change. Dans son testament, Napoléon avait souhaité reposer " sur les bords de la Seine ". Ainsi en décida Louis-Philippe en 1840. La réalisation du tombeau, aux Invalides, fut confiée à Louis Visconti. Il fallut une décennie de travaux, sous la surveillance critique du gouvernement, des Chambres, de la presse et de l'opinion, pour en venir à bout : chantier pharaonique, qui employa des centaines d'ouvriers et d'artisans, et qui fut émaillé d'incidents, de retards en tous genres, et d'une explosion des budgets, sans compter la Révolution de 1848. On alla même chercher des blocs pour le sarcophage pourpre aux confins du cercle polaire. Ce n'est qu'en 1861 que les Cendres furent définitivement installées dans la crypte. Depuis lors, le tombeau a connu moments de vicissitudes et heures de gloire, des grands hommes – Foch, Lyautey, l'Aiglon – ont rejoint l'Empereur, des visiteurs illustres et variés, y compris Hitler, se sont succédé, la Résistance s'en est mêlée, et la foule des touristes cause aujourd'hui autant de soucis qu'elle témoigne de l'irrésistible attraction de la légende napoléonienne, devenue partie intégrante, en dépit des fâcheux, de la mémoire nationale. Dans le style alerte et précis qu'on lui connaît, Thierry Lentz fait vivre l'histoire méconnue et révèle les nombreux secrets de ce monument unique.