D'où vient la joie que j'éprouve à publier Dis-moi, ma vie ? D'abord, d'une promesse tenue : celle de faire revivre un livre que Pierre Seghers avait publié en Belgique en 1972 et qui était passé trop inaperçu en France. Ensuite, du sentiment de cheminer, par-delà l'espace et le temps, sur les traces d'un poète-éditeur « fou, fou, fou de poésie ». Dans ces pages somptueuses, Seghers se livre à un méticuleux travail d'introspection, s'adressant à sa vie, cette « émigrée » proche et lointaine, cette promise qu'il a « tenue dans [ses] mains d'homme ». Le fleuve de ses mots traverse les paysages de la mémoire, longe les gouffres d'un parcours qui connut souvent des heures sombres, retrouve les points cardinaux d'une existence entièrement vouée à la poésie. Et l'on ressort de ce livre avec le sentiment d'avoir désormais un ami de plus sur la terre.