"... Depuis, ils ont fermé la porte de l'appartement de Pantin à double tour, un mois après avoir passé le seuil de la maison de Torcy. Dans une matinée qui touchait à sa fin, ils ont pris la direction des grandes lignes. Se sont affichées dans le hall de gare de nouvelles destinations... Train de nuit ... Soleil en bout de quai. Manon s'est arrêtée. Elle a pris place dans un rayon. Lui s'est retourné dans une dernière expiration bruyante, saccadée, esquissant un geste de la main vers elle, aussitôt plaquée sur les bronches. Puis la petite disparition fugace après le marchepied." Là où dorment les ours ... offre deus quêtes existentielles : un voyage clairement assumé pour ce "je" sur les voies de la Sibérie occidentale, loin de Manon... une reconstruction pour "elle" qui incarne un temps l'immobilisme au féminin dans un Pantin du crépuscule, aux abords d'un grillage, loin de lui. Philippe Audibert dessine, dans ce roman singulier et envoûtant, un kaléidoscope des questionnements auxquels l'Homme peut se confronter pour accomplir son propre destin.