"L'enthousiasme des Normands pour les forces anglo-américaines risque de s'inverser proportionnellement à la durée de notre séjour en Normandie". Cet extrait d'un rapport de l'Armée américaine, rédigé dès l'été 1944, est clair et sans concession. Il rend compte d'une vérité qui n'a pas tardé à s'imposer : dès le deuxième jour de sa présence sur un sol étranger, toute force de libération devient une force d'occupation. Pourtant, quand on évoque les semaines qui ont suivi le Débarquement, ce sont des images de liesse et d'enthousiasme collectifs qui s'imposent... Entre des Américains entièrement dévoués à la victoire définitive sur le nazisme et des populations très éprouvées par les combats qui ne souhaitaient rien d'autre qu'un retour rapide à la paix, le choc psychologique et culturel ne pouvait qu'être fort.