Genève, le 10 juin 1959. Daniel Pittet est encore dans le ventre maternel quand son père tente d'assassiner sa mère. À sa naissance un mois plus tard, il est déjà un rescapé. Son enfance est chaotique, ses parents se séparent, Daniel et ses frères et sœurs sont ballottés de familles d'accueil en foyers. En 1968, à 9 ans, Daniel rencontre un prêtre capucin, Joël Allaz, qui, au sortir d'une messe, invite le garçon à le suivre dans son couvent. Le calvaire débute : durant quatre ans, deux fois par semaine, et chaque jour durant les vacances, Daniel est violé par ce prêtre manipulateur. Pris dans une boucle infernale, incapable de parler de ce dont il est victime, il est confronté au déni de ses proches et des frères du couvent. La voie de la guérison est longue, mais le soutien à l'âge adulte de ses proches et sa foi inébranlable le sauvent, lui permettant de s'insérer dans la vie professionnelle et de fonder une famille de six enfants. Daniel a gardé de son passé de nombreuses séquelles, psychologiques comme physiques. C'est une des forces de ce livre que de faire prendre conscience au lecteur des blessures profondes, non guéries après plusieurs décennies, dont souffrent ceux qui ont été abusés enfants. Il décide au début des années 2000 de dénoncer son violeur, réussit à faire reconnaître ses crimes par ce dernier – crimes qu'il a continué de perpétrer durant des années auprès de plus d'une centaine d'enfants, et même jusqu'en France à Grenoble –, ainsi que par l'Église. Aujourd'hui, il veut prolonger sa lutte, pour lui et pour toutes les autres victimes de la pédophilie. Le témoignage bouleversant et plein de courage d'un homme debout, qui, malgré sa souffrance encore vive, a trouvé la force de pardonner à son bourreau.