Quand, à la fin du XVe siècle, les Portugais franchirent le cap de Bonne-Espérance pour aborder le sous-continent indien ils ne disposaient guère de témoignages directs sur ces immenses contrées connues depuis l'Antiquité mais essentiellement légendaires. Très vite les Italiens, les Français, les Allemands, les Anglais et les Hollandais leur emboîtèrent le pas. Marchands, diplomates, missionnaires, militaires et savants : nombreux furent les Européens à tenter l'aventure. Dans cette étonnante suite de portraits, Sanjay Subrahmanyam montre que leurs points de vue sur l'Inde – ou les Indes – dépendent largement de leur nationalité et de leur profession, sans compter les traits de caractère personnels. Du XVIe siècle jusqu'à la veille du XIXe siècle et de la colonisation britannique c'est tout un savoir sur l'Inde qui se constitua mais aussi une certaine manière de penser… l'Europe et le christianisme ! Le grand historien indien montre une nouvelle fois combien il est délicat de parler d'une simple « rencontre » des cultures. L'objet « Inde » construit par les Européens a nourri leur réflexion sur le langage, la religion et le commerce plus qu'il ne leur en a appris sur l'Inde elle-même. La connaissance que l'on a de l'autre doit toujours être comprise en tenant compte du contexte et des circonstances de la rencontre. Découvert par un large public grâce au succès de son Vasco de Gama (Alma 2012), Sanjay Subrahmanyam, né en 1961, est considéré comme l'un des plus grands historiens contemporains. Il enseigne à l'UCLA (Los Angeles). Il est depuis 2013, professeur invité au Collège de France. Alma a publié en 2013 Comment être un étranger, en 2015 Leçons indiennes et en 2016 L'éléphant, le canon et le pinceau.