« Je ne cesse de le dire : j'espère ne pas mourir sous Berlusconi. Ce n'est pas lié à mon âge, car je pourrais m'en aller dès demain, mais histoire de garder espoir en la vie et en l'humanité. Berlusconi ne donne pas cet espoir. Parce que, parfois, voyez-vous, en regardant autour de soi, on se dit que dans ce monde économique où tout est virtuel l'économie elle-même est virtuelle... Et alors, on finit par penser qu'il faudrait une grande crise pour ramener les choses à leurs justes proportions. Or malheureusement les grandes crises touchent toujours les pauvres gens.... Mais une grande crise reste préférable à une guerre pour bousculer un peu ce monde, pour le mettre sur la bonne voie, pour lui faire comprendre que ce n'est plus la bourse qui doit gouverner... » C'est l'un des derniers et plus forts témoignages du grand écrivain italien, disparu en 2008. Un hommage à l'un des « coeurs pensants » de la littérature italienne de l'après- guerre, dans un dialogue inédit sur tous les sujets chers à l'auteur. De sa vive voix, Rigoni retrace ses débuts avec Einaudi, ses rapports avec Vittorini et Calvino, son amitié avec Primo Levi et Emilio Lussu. Il rappelle aussi l'importance de la retraite de Russie et des conséquences du 11 septembre sur la scène politique et militaire mondiale. Il examine le « cas Berlusconi ». Il réfléchit à l'engagement de l'auteur et prône la responsabilité de l'homme envers la nature. Notre vie vie est toujours, à ses yeux, une « brève histoire de notre futur », déchirante et par moments presque prophétique.