Tous les superlatifs ont été utilisés pour célébrer Jean Paul II, ce géant du XXème siècle au destin hors du commun. Sa stature politique est indiscutable, et il fut certainement l'un des acteurs de la chute du communisme. Voyageur infatigable, il a drainé, par son charisme exceptionnel, des foules immenses, en particulier les jeunes à l'occasion des JMJ. Pourtant quinze ans après sa disparition, les fruits de ce long pontificat se révèlent terriblement amers, et l'on est en droit de se demander quelle est la responsabilité de Jean Paul dans la crise que traverse l'Église catholique, l'une des les plus graves de son histoire. Il se voulait le pape d'une restauration catholique - « nouvelle évangélisation », réarmement doctrinal, centralité de l'autorité romaine - mais cette politique a contribué à la dissimulation des pires abus. Et, à l'exception notable du monde juif envers lequel il a posé des gestes prophétiques, elle a laissé sur le chemin beaucoup de monde : les théologiens d'ouverture, les autres confessions chrétiennes, les femmes, les homosexuels...Les auteurs engagent une relecture serrée des grands axes de ce pontificat historique. Sans esprit de polémique, ils ouvrent un droit d'inventaire Écrivaine, journaliste et éditrice, Christine Pedotti a publié plus d'une trentaine d'ouvrages sur l'Église catholique, dont une histoire du concile Vatican II. Son dernier livre, Qu'avez-vous fait de Jésus ? (Albin Michel, 2019), pointe le silence des responsables de l'Église face aux abus sexuels.Anthony Favier est professeur agrégé d'histoire et docteur en histoire contemporaine.