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Quatre décennies après avoir été déporté par les Khmers rouges avec ma famille dans la province de Battambang, je suis retourné sur les lieux de leur disparition. Nous étions onze en quittant Phnom Penh. Seuls deux d’entre nous ont survécu.
Je voudrais faire un film pour capter l’invisible présence des morts sans sépulture et combattre l’oubli qui empêche leurs âmes errantes de trouver le repos.
Après "L’image manquante" (Prix Un certain Regard 2013) et "Exil", Rithy Panh poursuit son travail d’exploration intime et spirituel. S21 ou la machine de mort KR et Le maître des forges de l’enfer analysaient le crime à l’œuvre. Les tombeaux sans noms cherchent une voie de paix. Quand un enfant de treize ans, qui a perdu sous les khmers rouges une grande partie de sa famille, part sur les traces des tombes, de glaise ou d’esprit, que trouve-t-il ? Et surtout, que cherche-t-il ? Des arbres fantomatiques ? Des villages impossibles à reconnaître ? Des témoins effrayés ou mutiques ? Le frôlement d’un frère, d’une sœur, à l’approche de la nuit ?
Prix spécial du jury et Bayard de la meilleure photographie, Namur 2018
Un panorama de la cruauté humaine, dans un conte fantasmé où les animaux prennent le pouvoir. Par son petit théâtre de figurines, Rithy Panh raconte l’homme, sa soif de feu et de sang ainsi que sa fuite en avant vers la mort de toutes choses.
Les animaux ont pris le pouvoir et réduit les hommes en esclavage. À l’aide de la technologie des vaincus, ils remontent le fil des inventions humaines qui vont de pair avec le mépris de la nature, la soif de pouvoir, l’industrialisation de la mort, la réécriture totalitariste du réel. Ni l’art, ni le langage ne les auront sauvés. Cependant, abreuvés d’images, les vainqueurs cèdent aux mêmes sirènes qui ont précipité les hommes à leur perte : génocide, écocide… L’anthropocène et sa "nuit interminable", gorgée de feu et de sang.
Transe violente
Grâce à des figurines d'argile d’une grande poésie, qu'il avait déjà mises en scène dans L'image manquante, Rithy Panh raconte une fable universelle, vaste et cruelle, vieille comme le monde. Une "façon de vivre et de mourir" guidée par l’ogre de l’idéologie, l’appel constant du pouvoir et le dédain du sang versé. Au fil de ce récit, la réalité implacable du gâchis prend à la gorge, dans une mosaïque surréaliste d’images de meurtres gratuits, de cruauté animale ou d’explosions atomiques. Les visages impassibles des statuettes d’hommes et d’animaux (dotées d’une âme dans la spiritualité cambodgienne) assistent au spectacle. Une transe violente, que seule apaise la possibilité d'une coexistence, l’espoir ténu d’une réinvention. "Après le monde technique et brûlant, il y aura encore la poésie", assure Rithy Panh. Un appel à la raison, par la voix d’un "rêveur naïf", adressé à l'humanité.