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Le touchant portrait d'un artiste à la candeur désarmante, trop longtemps snobé par la critique.
Quelqu'un a-t-il pensé à recenser toutes les chutes de Pierre Richard au cinéma ? Descendant direct de Buster Keaton, Charlie Chaplin, Stan Laurel ou des Marx Brothers, l'acteur a toujours mis son corps au service de son art. Après des débuts de clown blanc au cabaret – au côté de Victor Lanoux – Yves Robert, qui l'a repéré, le conseille : "Tu n'es pas un comédien, tu es un personnage. Fais ton propre cinéma puisque tu n'as pas ta place dans le cinéma des autres." La suggestion fera éclore le premier film joué et réalisé par Pierre Richard, l'histoire d'un Distrait perdu dans le monde carnassier de la publicité et dont la maladresse naïve dévoile tous les travers. La candeur désarmante Pierre Richard est un révélateur : sa poésie lunaire, que le spectateur trouve toujours touchante, finit invariablement par faire tomber les masques. Pour donner la réplique à son personnage ingénu, l'auteur-réalisateur-interprète écrit des rôles de policiers, de militaires, de patrons, de bourgeois et de curés, figures symboliques de l'oppression dans les années 1970. Tous s'offusquent, se crispent et finissent par chuter de leur piédestal, désarmés par la candeur du personnage. Pierre Richard dépasse ainsi la comédie burlesque pour faire souffler, l'air de rien, un doux vent de révolte. Partagé entre archives éclairantes ("Je suis un comédien plus à l'aise avec ses jambes qu'avec sa langue", raconte Pierre Richard au sein d'une belle sélection d'entretiens) et la participation du comédien – qui endosse le temps de quelques mimiques le costume de ses aînés, maîtres du burlesque –, un touchant portrait-documentaire de Grégory Monro, en l'honneur d'un artiste trop longtemps snobé par la critique.
Ses portraits de prostituées et de danseuses de cabaret sont parmi les plus cotés au monde. Plongée dans l’œuvre d’un visionnaire au trait éblouissant, à la faveur d’une exposition au Grand Palais.
Peintre ambitieux, dessinateur et brillant affichiste, Henri de Toulouse-Lautrec, ami de Van Gogh et inspiré par Degas et Manet, a chroniqué son époque avec une insatiable gourmandise. L’aristocrate albigeois raffiné, encombré d'un handicap et d’un corps disgracieux, excelle précocement dans l’art pour imposer son style, résolument moderne. Avide de tout, ce génie du trait, qui fréquente artistes et intellectuels, capte sur le vif, et avec panache, les battements de cœur de la vie parisienne et de la scène montmartroise fin de siècle, saisissant visages et corps en mouvement dans des cadrages audacieux, alors que s’inventent le cinéma et la photographie. Des cabarets de Pigalle aux maisons closes, cet observateur caustique et provocateur jette un regard plein de passion et d’humanité sur les femmes qu’il croise. Réinventant la lithographie, ce précurseur des avant-gardes du XXe siècle ouvre aussi la voie à la publicité moderne.
Peintre de la condition humaine
Plongeant dans l’œuvre profonde et prolifique – malgré une vie brève (1864-1901) – de Toulouse-Lautrec, ce documentaire retrace le parcours d’un artiste visionnaire à la liberté farouche, maître de l’autodérision, qui croqua avec une tendre compassion ouvrières et filles aux mœurs légères, pour mieux dévoiler, derrière les fêtes tourbillonnantes et les paillettes, l’immense solitude de la condition humaine.
Comique, cinéaste, producteur, philanthrope... : qui se cache derrière le masque élastique de l'as de la maladresse ? Retour sur une carrière à rebondissements.
C'est le visage des empotés, des pitres, des enfants, des souffre-douleurs, toujours au mauvais endroit au mauvais moment… Dès les années 1940, Jerry Lewis connaît un succès public fulgurant, notamment grâce à son duo avec Dean Martin. Mais son passage derrière la caméra, début 1960, brouille les pistes et braque les critiques sur sa légitimité à se proclamer "cinéaste", malgré la technicité et l'originalité extraordinaires dont il fait preuve dans sa mise en scène. Dès lors, Jerry Lewis entame un bras de fer avec les studios de Hollywood, pour lesquels il écrit, produit et réalise des œuvres singulières, comme Le tombeur de ces dames ou Dr. Jerry et Mister Love, connaissant la gloire et gagnant le respect en Europe, tout en étant simultanément rejeté par les critiques et le public américains.
Subversion par le geste
"Le plus pur comique, c'est celui qui se passe du verbe", commente Pierre Étaix, l'un des nombreux intervenants, en entretien ou en archives – aux côtés, entre autres, de Martin Scorsese et Jean-Luc Godard –, du documentaire de Gregory Monro. Digne successeur des grands maîtres (Buster Keaton, Charlie Chaplin, Stan Laurel…), Jerry Lewis a passé sa vie au service du divertissement. Mais s'il a fait de son corps l'arme polymorphe d'un burlesque qui s'embarrasse rarement de mots, c'est aussi pour mettre face à elle-même une Amérique oublieuse de ses plus faibles. Une des raisons, peut-être, du peu de succès rencontré dans son propre pays et du triomphe que lui a réservé l'Europe, notamment la France, où les cinéastes de la Nouvelle Vague ont salué en lui un pair, satiriste brillant, émouvant et hilarant, de son temps.
Rosa Bonheur, peintre animalière adulée en France au XIXe siècle, souvent oubliée dans son pays, est pourtant une figure majeure de l'émancipation féminine et de la cause animale.
Rosa Bonheur a été une figure majeure de l’émancipation féminine : elle fut la première femme artiste à recevoir la Légion d’honneur, des mains d’une autre femme, l’impératrice Eugénie, qui dira à cette occasion : « Le génie n’a pas de sexe ». Elle fut aussi la première femme autorisée à porter officiellement un pantalon ; la première à acheter un bien immobilier avec le fruit de son travail, grâce à la vente d’une seule toile ; elle s’installa dans cette propriété avec plusieurs amies : vivant entre femmes, partageant leurs fortunes entre elles, devenant héritières les unes des autres, elles fondent une sororité qui va marquer les esprits dans la société française de l’époque.