Par A. Perroud
Une dizaine d'individus se retrouvent enfermés dans une espèce de prison. Ces individus lambdas, provenant d'un peu partout sur la planète, ont subitement été enlevés à leurs proches, même leurs geôliers ignorent les tenants et les aboutissants de cette situation. Sans aucune explication, ils sont observés, scrutés et interrogés sans relâche, jour après jour.
Après les exiguës capsules spatiales dans Le complexe du chimpanzé, le duo Richard Marazano et Jean-Michel Ponzio rentre sur terre et, pas de chance pour les claustrophobes, il est également question de confinement dans Le protocole Pélican ! Comme c'est souvent le cas, ce premier tome sert avant tout d'introduction à ce thriller d'anticipation. Tout en respectant les poncifs du genre (une organisation secrète supranationale, un laboratoire secret, des scientifiques proches d'une découverte qui changera le monde et des pauvres innocents transformés en cobayes), le scénariste réussit à séduire le lecteur par un savant dosage entre zones d'ombre et de lumière. Les personnages, des prisonniers aux savants en passant par les gardiens, nagent dans le même bain, la tension, très bien rendue par des scènes chocs, est des plus tangibles.
Graphiquement, la technique « rotoscopique » (utilisation de photographies pour la création du dessin) utilisée par J.-M. Ponzio fonctionne à merveille pour cet album. Si le rendu particulier des personnages se fait remarquer dans les premières pages, il se fait oublier très rapidement et donne aux visages une profondeur des plus appréciables. Les émotions sont parfaitement retranscrites. La mise en page, tirée au cordeau, joue également un rôle décisif dans le rendu de l'atmosphère étouffante du récit.