En 1931, Erich Kästner publie un roman satirique, Fabian, qui lui vaut les foudres de la critique, prompte à dénoncer l’« immoralité » supposée. Il faut dire qu’il n’y va pas de main morte : son héros s’y livre à une critique féroce du Berlin de la République de Weimar, lieu de toutes les débauches et de tous les compromis. Rien d’étonnant à ce que, dès 1933, l’ouvrage ait été brûlé par le régime nazi. Pourtant, le livre avait subi la censure d’un éditeur prudent. Une réédition nous permet de redécouvrir Fabian dans une version plus conforme à l’idée de Kästner. On n’en est que plus saisi par l’étrange entre-deux dans lequel se meut le jeune Fabian, désespéré par la veulerie de ses contemporains, pressentant l’approche du désastre, mais incapable d’agir et de s’engager.