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A. Grun montre qu'avec l'âge se présentent de nouvelles opportunités, de nouvelles chances, comme à chaque étape de la vie. Il invite à accepter pleinement le vieillissement comme la promesse d'une vie riche et renouvelée.
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Un ouvrage mettant en scène l'histoire de la famille de C. Salomon (1917-1943), peintre ayant produit près de 1.300 gouaches autobiographiques, de la fin de 1940 à la mi-1942, avant de mourir à Auschwitz. ©Electre 2018
Quand l'artiste allemande Charlotte Salomon (1917-1943) confie son chef d'oeuvre Leben? oder Theater? (Vie? ou Théâtre?) à un ami, elle le conjure: «Prends-en soin. C'est toute ma vie.» Quelques mois plus tard, un camion de la Gestapo vient chercher Charlotte et son mari dans la maison où ils se cachent, près de Nice. Ils sont déportés à Drancy, puis à Auschwitz. Charlotte et l'enfant qu'elle porte sont gazés dès leur arrivée. Elle avait 26 ans. L'oeuvre que Charlotte Salomon a laissée derrière elle lui a survécu. Vie? ou Théâtre? est, au sens propre du terme, sa pièce de résistance: un exploit artistique unique, stupéfiant, une oeuvre hors catégorie et sans comparaison possible. Elle est à la fois une oeuvre totale mêlant poésie, musique et arts visuels, un document bouleversant sur le nazisme et une des premières créations expressionnistes, d'une ampleur et d'une intensité rarement égalées par ses contemporains plus célèbres. L'oeuvre est composée d'un cycle de 1325 gouaches autobiographiques, produites en à peine deux ans. Divisées en trois grands ensembles, elles racontent la famille de Salomon, son enfance et son adolescence à Berlin, ses études d'art dans l'ombre du Troisième Reich, sa première grande histoire d'amour avec le professeur de chant Alfred Wolfsohn, la montée du nazisme, la persécution des Juifs et enfin son exil en France en 1939. D'un bout à l'autre, Salomon déploie un éventail ludique de pseudonymes et d'éléments fantasmagoriques qui témoignent d'une inépuisable sincérité émotionnelle, d'un talent remarquable pour l'observation du comportement humain et d'une mémoire visuelle prodigieuse.??? Le titre entier que Salomon a donné à son oeuvre est Leben? oder Theater?: Ein Singspiel, en référence à l'équivalent allemand de l'opérette. Dans ses gouaches, elle a ainsi intégré des mots aux scènes ainsi qu'autour de ses personnages, soit en les inscrivant directement sur la peinture, soit sur des calques à juxtaposer aux images. Les gouaches étaient aussi accompagnées de suggestions musicales choisies pour enrichir encore cet étourdissant répertoire visuel et verbal, allant de Schubert et Mahler à des marches nazies. Le résultat est un monument multisensoriel élevé à la mémoire, étonnant par la nuance et l'élan qu'exprime chaque épisode et dialogue, découpé image par image comme une pellicule de film. Les poses et expressions des dramatis personae de Salomon changent au gré des phrases, se déclinant parfois en centaines de versions schématiques mais délicatement distinctes du même visage ou de la même silhouette. Dans un sens personnel comme politique, le traumatisme hante le récit de Salomon. Elle montre les étendards à croix gammée qui flottent à toutes les fenêtres, une rue transformée en un océan de chemises brunes menaçantes, la Nuit de Cristal, l'interdiction pour les citoyens juifs de fréquenter boutiques et cafés, l'internement de son père en camp de concentration et sa propre silhouette solitaire, assise sur un lit, chaussons aux pieds, avec devant elle une petite valise et la perspective de l'exil. Plongée dans l'horreur de la persécution, c'est également ainsi que Salomon affronte l'histoire déchirante de sa famille, racontant les suicides de sa mère, de sa tante et de sa grand-mère qui saute par la fenêtre sous les yeux de Charlotte peu après le début de la guerre. À bien des égards, les gouaches semblent pour elle le moyen d'affirmer la puissance de la vie, de revendiquer son identité, contre la mort qui l'entoure et que, peut-être, elle avait pressentie pour elle-même. À mesure que la conclusion de son oeuvre approche, elle peint avec une frénésie redoublée, comme si elle savait que le temps lui manquerait. Malgré l'angoisse, elle trouve aussi de la place pour l'humour et l'amour, et aussi, surtout, pour s'exprimer avec ardeur. «L'humanité est devenue trop pour moi, écrit l'artiste. Il a fallu que je m'enfonce plus profondément dans la solitude, totalement détachée de tous. Peut-être, alors, saurais-je découvrir ce que je devais trouver: moi-même - un nom pour moi.» Ce nom résonne dans cette r eproduction intégrale de Vie? ou Théâtre? Les ombres de Grosz planent sur les visions ironiques qu'elle signe de Berlin, il y a des traces de Modigliani dans ses yeux en amande et ses silhouettes élégantes, des murmures de Chagall dans sa manière d'entrelacer fantasme et réalité et dans celle qu'ont les mariées, les fleurs et la musique de s'inscrire dans l'histoire du trauma. Et pourtant, c'est bien uniquement l'oeuvre de Charlotte Salomon, l'incomparable opus magnus d'une grande et ambitieuse artiste, assombrie par le souvenir de son assassinat, illuminée par sa précision, son lyrisme et son courage.
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