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De quoi Pigalle est-il le nom en 2019 ? Aujourd'hui, le quartier "rouge" de Paris a perdu beaucoup de ce qui a forgé sa sulfureuse réputation. La gentrification l’a banalisé, entre tourisme de masse, vie de famille et lieux branchés pour hipsters, qui remplacent les bars à entraîneuses.
Désormais, certains veulent rebaptiser Pigalle "SoPi" (pour South Pigalle), une marque déposée. L'uniformisation exclut souvent les plus modestes, et fait ressembler "cette place, ces trois rues, ce bout de trottoir", comme le décrit un habitant, à d'autres quartiers à la mode tel le Soho de Londres. Mais l'âme de Pigalle a-t-elle vraiment disparu ? N'existe-t-il pas des poches de résistance, une culture, une mémoire de ce que fut cette zone d'aventure et de danger ?
Coup de rétroprojecteur
Adolescent au milieu des années 1980, David Dufresne a découvert Paris par le biais d'un club de rock de Pigalle, braillard et insoumis : le New Moon, auquel il a consacré un livre en 2017, New Moon – Café de nuit joyeux. À partir de ses souvenirs de trépidations électriques, il tente de retrouver l'âme du quartier en convoquant ses hautes figures, chasseurs, prostituées, ex-policiers de la brigade des mœurs, etc. Pour débrider la mémoire et libérer la parole, le journaliste (Prison Valley, Fort McMoney ou Hors-jeu pour ARTE) opte pour un dispositif singulier : il installe un cinéma de poche aux abords de la place Pigalle et diffuse des images d'archives en plein air. Y défilent extraits de films noirs, de concerts, bandes d'actualités et portraits de personnages hauts en couleur. Devant cette baraque foraine à l’allure de truculent musée mobile, les anciens caïds, tenanciers et professionnelles du sexe, font revivre ce "monde hors du monde". Et luttent contre ceux qui veulent "rendre populiste le populaire", selon les mots de David Dufresne. Une émouvante évocation.
Alors que s'accroissent la colère et le mécontentement devant les injustices sociales, de nombreuses manifestations citoyennes sont l'objet d'une répression de plus en plus violente. "Un pays qui se tient sage" invite des citoyens à approfondir, interroger et confronter leurs points de vue sur l'ordre social et la légitimité de l'usage de la violence par l’État.
Canon City dans le Colorado. Un coin reculé de 36.000 âmes et 13 prisons, dont Supermax, la nouvelle Alcatraz, avec couloirs donnant sur la mort. Prison Valley, c'est ça : un road movie dans une ville-prison où même ceux qui vivent dehors vivent dedans. Une plongée dans ce qu’on appelle fièrement ici : l’industrie carcérale. La justice a toujours été au cœur de la politique américaine, de son cinéma et de sa littérature. Prison Valley commence pour ainsi dire là où Prison Break s'arrête : Qu’est-ce-que l'Amérique d'aujourd'hui ? Jusqu'où s'accommode-t-elle de ses propres folies ?